La course
Pendant la première heure environ, la course est magnifique, une bataille rageuse oppose trois marques de prestige Jaguar, Mercedes et Ferrari. Le soleil est brûlant.
Mais en fin d’après-midi lors du 33eme tour, il est environ 18h28, c’est le drame.
Le plus grand drame de toute l’histoire du sport automobile
Hawthorn, sur Jaguar, est à la lutte avec Fangio, une poignée de secondes derrière lui.
Quatre voitures s'apprêtent à aborder la ligne droite devant les stands roues dans roues. Un attardé, Macklin au volant d'une Austin Healey, suivi de l'anglais Hawthorn, en tête de la course sur la Jaguar n° 6. ils précèdent deux Mercedes, Levegh (alors 6eme) et Fangio (2eme).
18h28 À l’entrée de la ligne droite des stands, Hawthorn double l'Austin Haeley de Macklin mais Il semble qu'Hawthorn eût, durant une fraction de seconde, l'intention de s'arrêter à son stand de ravitaillement.
Sur l’Austin, Macklin doit faire une embardée pour l’éviter et donne un violent coup de volant vers le côté gauche de la piste où les deux Mercedes - celle de Levegh et celle de Fangio - s’apprêtent à s’engouffrer à plus de 250 km/h.
Au dernier instant, l’Argentin réussit à se dérouter mais Il est trop tard pour que Levegh puisse éviter le choc.
La Mercedes n°20, heurte l’Austin, décolle, s’écrase dans les fascines, fait un rebond et explose en deux temps.
L’explosion déchiquète la carcasse de la voiture pilotée par Levegh, qui participait à ses septième 24 Heures depuis 1938. Ce n’est pas par manque d’expérience qu’il vient de se tuer. Les débris de la Mercedes, certaines parties du moteur en fusion, tracent un sillon mortel dans les tribunes. On relève 81 morts, des dizaines de blessés.
Charles Faroux, directeur de la course, décida de continuer l'épreuve : « Malgré l'horreur de la situation, je n'ai pas jugé que l'épreuve sportive dût, ipso facto, être interrompue. Même quand il arrive une catastrophe, ajoute-t-il, la loi du sport impose de continuer. »
La ronde continue, mais comme l’ont écrit certains biographes de la course : "le reste, désormais, n’a plus d’importance".
Fangio et Hawthorn se sont engagés dans un coude à coude palpitant, se dépassant sans cesse.
Mercedes retire ses voitures
Vers deux heures du matin, Mercedes, toujours en tête avec Fangio, abandonne sur ordre de Stuttgart. Les Ferrari abandonnent, Jaguar, déjà vainqueur en 51 et 53, s’envole vers la 1ere place.
Hawthorn et Ivor Bueb remportent la dramatique édition 1955 des 24 heures du Mans.
On retiendra deux choses cependant. Porsche, présent depuis 1951, vient de réussir un beau triplé (quatrième à sixième place) avec ses spiders 550. Un nom à retenir. Côté performances, Jaguar a placé le record du tour aux frontières du 200 km/h, 196 exactement.
Week-end à bannir des mémoires.