24h lemans 1972 85 Taydec MK3 FordDepuis la disparition des automobiles Bugatti, exception faite de Bob Wollek, plus aucun pilote Alsacien ne s'est engagé aux 24 heures du Mans. En ce mois de juin 1972, le pilote Strasbourgeois Jean-Daniel Jakubowski relève le défi au volant d'une Taydec.

 

 

Logo TaydecAprès un Rallye de Monte Carlo abrégé rapidement, Jean-Daniel Jakubowski, sociétaire de l'ELMAT, est associé au pilote parisien Roger Schweitzer pour conduire la Taydec no 85. Cette barquette anglaise a été conçue par Tom Clapham, elle est équipée d'un Ford Cosworth de 1600 cm3. 

La boite de vitesse avait été révisée chez Richard Belkechout et nous avions passé beaucoup de temps au garage familial pour mettre la voiture en conformité se souvient Jean-Daniel Jakubowski.

Au pesage des 24 heures du Mans, nous avons présenté la voiture sur la remorque car le moteur n’était même pas monté, Il était posé sur les sièges passagers et de ce fait, les commissaires n'ont rien pu contrôler..

Nous avions fait le choix de remplacer le 2L d'origine par un 1600 LVA pour avoir de meilleures chances à l'indice. Le moteur développait  maxi 210CV à 11.500 tr/min au lieu de plus de 230CV avec le 2 Litres,

Il y avait un test de braquage. Un petit circuit en huit pour prouver la capacité de l'auto à faire un demi-tour en cas de probleme sur la piste.
Comme le moteur n’était pas monté, les mécanos ont poussé la voiture pour réaliser la manoeuvre. Hélas, d’un coté ça allait mais pas de l’autre, ça coincait car le rayon de braquage n'était pas adapté. Sans mécanique, la voiture était extrêmement légère et les mécanos ont non seulement poussé mais ils ont également soulevé légèrement l'arrière pour la faire ripper et l'aider à tourner. Du système D improvisé !!!

La voiture fût acceptée, on s'en sortait bien et c'était le principal.

Darnval m’a imposé mon coéquipier, Roger Schweitzer, un parisien que je ne connaissais pas, Il avait une expérience en Formule France.

Sur place, je logeais dans un château, chez mon copain François Migault. Nous avions fait connaissance sur le podium de Nogaro, lors des Coupes de Paques. Il avait remporté la course F3 et moi la catégorie Proto. J'étais également ami avec Jean Rondeau qui pilotait une Chevron 2L.

J’étais fan du Mans et je me souviens avoir passé des heures à regarder des images à la TV. Sur place, je n'ai pas eu besoin de faire l'apprentissage du circuit, je le connaissais par cœur..

Mon coéquiper a fait quelques tours. Lorsque j'ai pris le volant, j'ai immédiatement vu que la voiture manquait de vitesse de pointe dans les Hunaudières. Au passage de la cinquième, le moteur ne montait pas dans les tourrs. J'allais plus vite en quatrième qu'en 5eme !!!

A mon retour au stand, j'ai soulevé mon problème. "Ah Merde, j'ai oublié de changer le pignon de 5" s'est exclamé le préparateur.

Les rapports de boite étaient à l'origine prévus pour un 2L et pour le 1600 moins puissant, c'était beacoup trop long. Nous étions pris de court et il était trop tard pour modifier quoi que ce soit pour les essais de nuit qui démarraient dans la foulée.

Dés que j'ai réalisé le temps minima de qualification, j'ai forcé Roger Schweitzer, mon coéquipier, à tourner avant la tombée de la nuit, mais il n'a pas été foutu de tourner en moins de 5'42... Je ne pensais pas qu'il se trainerait aussi lamentablement

La nuit tombait, le capot avec des phares fût monté mais hélas, en mettant le contact, il y a eu un court-cuircuit. Les phares ne fonctionnaient pas et il ne restait que les petites veilleuses.

Il faisait extrêmement sombre lorsque j'ai pris la piste. Jean Rondeau qui connaissait mes problèmes de vitesse de pointe m'avait vu au volant. Dans les Hunaudières, j'ai vu une voiture équipée d'une petite lampe latérale verte ralentir. Le pilote a gesticulé pour m'indiquer de le suivre. Je connaissais cette petite lampe verte, c'était Jean Rondeau.  J'ai tenté de prendre son aspi,  mais ça na pas fonctionné, il me manquait 30 ou 40 km/h.

Après 3 tours, je suis rentré pour laisser une dernière chance à mon coéquipier avant que la nuit ne s'installe totalement. Il ne roulait vraiment pas très fort et il n'est pas parvenu à faire un temps suffisant pour qualifier l'auto.

François Migault était présent dans le stand. Manceau d'origine, il connaissait toutes les petites astuces et combines de cette course. Il m'a alors sugéré de prendre le casque de mon coéquipier pour tenter de faire son temps. J'ai eu du mal à mettre le casque mais je suis finalement parti. A mon retour, quand j'ai retiré le casque, le commissaire de l'ACO présent dans le stand a vu la supercherie . Le temps ne fût pas rcomptabilisé..

 

24h lemans 1972 85 Taydec MK3 Ford

 

En ce jeudi soir, c'est la grosse désillusion, le beau rêve vient de s'évanouir. L'écœurement et la rage l'habitent au moment de remettre la Taydec sur la remorque pour rentrer à Strasbourg.

Christian Poirot, le Vosgien, en quête de coéquipier, m'avait demandé de courir avec lui.... J'étais tellement sûr de me qualifier que j'ai refusé....

Ça me fait mal au cœur... Et dire que pendant une semaine, deux mécaniciens de Darnval, un nouveau constructeur français qui a engagé ma Taydec au Mans, ont travaillé chez moi au garage.

Jean-Daniel Jakubowski et son amie Christiane seront de retour à Strasbourg avant même que le départ ne soit donné.
J'avais du temps pour restituer la Taydec. Je l'ai entreposée dans le hangar de mon pote Dédé (André Haller, avec qui il avait fait le Monte-Carlo)
Je l'ai ressorti pour disputer la course de côte de Turckheim, mais encore une fois, la boite n'était pas adaptée. C'est dommage, car le comportement de la voiture était bon et le moteur marchait fort.

Jean Daniel Jakubowski dans sa Taydec

 lemans72 jaku

 

Bibliographie DNA/Bernard Delattre 

Un immense merci à Jean-Daniel Jakubowski pour sa contribution.

 

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