La Porsche 71 est une 2.8L engagée en groupe IV. Elle a déjà presque 3 années de compétition. L’alsacien Dominique Thiry fût son premier propriétaire.
Pour le trio de pilotes amateurs, Leroux-Pigeon-Laplacette, c’est une grande première (Noël Guittet figurait comme suppléant sur la fiche de pesage)
- Joël Laplacette est professeur de Psycho-Pédagogie à l’Ecole Normale de Nantes. Son expérience se limite aux rallyes.
- Claude Pigeon est industriel en maisons individuelles (Les Maisons de l’Avenir à Vitré).
- Alain Leroux dirige l’agence Renault du Fuilet dans le Maine et Loire
Lundi 2 juin 1975. La semaine est consacrée à réviser la Porsche.
7 juin, Alain Leroux remporte sa classe et son groupe lors de la course de côte de Charnissay avant de partir dans la Sarthe avec la Porsche et c’est tout. Il se bat sur place pour monter toute l’organisation, y compris la mise en conformité de la Porsche (Réservoir, arceau, cage, remplissage rapide etc…).
L’adaptation de la boite aux vitesses élevées atteintes dans les Hunaudières va occasionner de multiples déplacements car il manque le pignon de 3ème. Les heures de travail s’enchainent et les nuits sont courtes.
Mardi 10 juin 8 heures. La Porsche 71 est la première voiture de la journée à se soumettre aux vérifications technique, (Poids 940 Kg) elle n’a toujours pas les bons rapports de boite.
Dans le stand, l’équipe assistance est réduite au strict minimum (Jean-Claude Leroy, ‘Capone’, Jean-Louis Labelle et sa femme, Claude Ménard, ‘Jojo’, Jean-Pierre Carton et Marcel Leyet).
Mercredi 11 juin 14 heures. 1ere séance d’essais. Pigeon tourne en 4’32 mais la situation va se compliquer. L’embrayage casse et une fuite d’huile se déclare sur la boite. A force de montages et remontages, les joints sont sans doute fatigués. Embrayage et pignon de 3ème adapté sont mis en place au cours de la nuit qui une fois de plus s’annonce très courte.
Jeudi 12 juin 14 heures. La 2ème séance débute sans la Porsche. Elle n’entrera en piste qu’à 17 heures. Pigeon améliore son temps en 4’28’’03 et qualifie la Porsche avec le 38èeme temps.
Le vendredi, traditionnel jour de repos, se transforme en journée de mécanique. Fixation de serpentin de refroidissement et contrôle générale monopolise l’équipe jusqu’à 1 heures du matin.
Samedi 25 juin 1975
16h00. Joël Laplacette prend le départ sous une chaleur caniculaire, il tourne régulièrement en 4’50’’ comme le prévoit le tableau de marche
21h28 Laplacette s’arrête, le moteur ratatouille. On vérifie les vis platinés et la voiture repart après 7 minutes d’arrêt mais 3 tours plus tard, le phénomène se reproduit.
22h50. Les ratatouillements engendrent de grosses flammes. Pigeon stoppe au stand. On change une bougie.
23h05 Pigeon repart.
Malgré les ratatouillages, la nuit va s’avérer plus calme.
Dimanche 26 juin.
11h30. Le soleil de la veille a disparu et la plus est menacante. La porsche 71 est 20ème avec 225 tours et ratatouille toujours. Joel Laplacette est au volant et va s’arrêter au stand.Un commissaire accoure et signale l’arrêt de la voiture au poste 106 situé à l’entrée de la nouvelle portion.
Deux mécanos se rendent sur place et parviennent jusqu’à une dizaine de mètres de la Porsche. Le règlement est formel, le pilote n’a droit à aucune aide, il doit se débrouiller seul avec les éléments du bord. Le problème semble électrique. Laplacette sur les conseils des mécanos débranche le compte-tours, vérifie les bobines, la voiture repart pour 500 mètres et s’immobilise à nouveau. Starter repoussé, la voiture redémarre et parvient à rejoindre les stands. L’arrêt s’éternise, on vérifie un à un tous les éléments sans véritablement trouvé l’origine précise de la panne.
Après 1h30 d’arrêt, Alain Leroux repart sur une piste humide, le ciel s’éclaircissant, on n’a pas jugé judicieux de mettre des pneus pour la pluie. Le circuit du Mans est long et la météo devant les stands n’est pas celle de Mulsanne ou d’Arnage et Alain Leroux va en faire l’expérience. Au 3ème tour de son relais, sa voiture part en tête à queue dans la nouvelle portion et va s’encastrer dans les grillages. La pince coupante n’est toutefois pas suffisante pour extraire le fauve des filets, finalement c’est à grands coups de gaz que la bête reprendra sa liberté. Dans sa précipitation, le pilote s’arrêtera après son stand. Après un tour au ralenti, la Porsche regagne son stand à 14h17.
15h00 Joel Laplacette reprend la piste pour le dernier relais.
16h01 La Gulf d’Ickx et Derek Bell passe la ligne d’arrivée.
Dans le stand de la Porsche 71, terminer les 24 heures est une victoire. Le champagne peut couler.
Essais 4’28’’3 - 172.114 km/h 38ème temps
25ème au classement général - 10ème du groupe GTS
Meilleur tour 4’39’’10
Bibliographie
Presse Mancelle - Echappement
Un grand merci à René Bozec pour ses précieux documents
Un grand merci à Frederic Leroux pour sa collaboration
Un grand merci à Jean-Pierre Dromain, Pierre Ichtertz et Paul Dussable pour les précieux clichés