La Porsche 54 aux 24h du Mans 1976
Tous les problèmes de poids et de fiabilité éprouvés depuis l'ouverture de la saison ont conduit Louis Meznarie à alléger de près de 200 kilos la Porsche 934 Turbo qu'il mettra à disposition d’ Hubert Striebig et de Charlotte Verney. Le troisième pilote sera Hugues Kirschhoffer.
La voiture est engagée en Goupe V ou la concurrence s'annonce particulièrement affûtée avec la présence de véritables 'Silhouettes'.
"Ce sera notre troisième participation. La première en 1974 s'était soldée par une spectaculaire sortie de route, l'an passé après un début encourageant (11ème à la sixieme heure de course), nous avons cassé deux fois le moteur et terminé très loin. Nous étions à l'arrivée, mais pas très satisfaits. Ce qui laisse entendre que cette fois, on conduira prudemment pour être à l'arrivée, mais bien plus haut" annonce Hubert Striebig.
Charlotte Verney, 11ème en 1975 avec Brigitte Fontaine et Claudine Tarnaud leur montrera la voie.
Lundi 12h30, la Porsche 934 no 54 est convoquée au pesage.
A l’heure du déjeuner, la belle rouge attire tous les regards à moins que ce ne soit la belle blonde.
Après les vérifications techniques, Louis Meznarie doit renoncer au nouvel aileron plus large étrenné lors de la course de côte de Wissembourg.
Les essais
Hubert Striebig réalise le 26ème temps et la 7ème performance du groupe V en 4'12''7. Hugues Kirschhoffer avec un temps de 4'18'' est totalement rassuré sur sa qualification.
La course
Hubert Striebig prend le départ.
Face à des 935 bien plus véloces, les chances de la 934 semblent bien minces mais les lièvres vont vite s’essouffler. La Porsche 934 va venir jouer les troubles fêtes. Après 2 heures de course, la voiture est en 16ème position et dispute la 3ème place du groupe avec la BMW Schnitzer. Malheureusement, l’euphorie ne dépassera pas les premières heures de la soirée.
Pas de gros problèmes mais une avalanche de petits pépins vont venir contrarier la bonne marche de l’auto.
- Le glissement des pneus sur la jante provoque d'énormes vibrations dans le train avant. La voiture tremble de partout rendant la conduite totalement inconfortable et épuisante.
- Le tube du reniflard d’huile va lâcher. Le circuit sera remplacé.
- Des fuites d’huiles permanentes durant la totalité de l’épreuve vont obliger les pilotes à surveiller de près les températures et à refaire les niveaux.
- Crevaisons à répétitions, roues mal serrées, tête à queue…. rien n’épargne la Porsche no 54.
A une heure de l’arrivée, Charlotte Verney est totalement effondrée dans le stand. Marquée par la fatigue, elle est dans l’incapacité d’effectuer le dernier relais. Charlotte a souffert durant la course. Pas seulement de la chaleur comme l’ensemble des pilotes, mais aussi de vapeurs d’essence dans l’habitacle qui l’incommoderont suffisamment pour qu’elle renonce à effectuer le dernier relais, celui qui permet aux pilotes de connaître la joie du drapeau à damiers.
Hubert Striebig ne se fait pas prier pour palier à la défaillance de sa coéquipière Mancelle. Durant cette dernière heure, il augmente la cadence pour tenter d'accrocher une place dans le top 10.
Finalement, la régularité va payer. Bien qu'éprouvé physiquement et moralement par la disparition de leur ami André Haller, l'équipage termine à une flatteuse 11ème place au classement général et 5ème de son groupe. La meilleure performance alsacienne au Mans détenue jusque-là par Bob Wollek en 1968 est égalée.
"Ce fût une course formidable" avoue le pilote Wissembourgeois.
Hugues Kirschhoffer n'est pas le dernier à le féciliter. "Hubert, par ses facultés de récupération, ses qualités de sprinter et de coureur d'endurance et par sa conscience professionnelle m’étonne" remarque Hugues Kirschhoffer. "Je n'avais plus qu'à remplir mon contrat de 3ème pilote et pour ce faire, je me suis craché dans les mains, d'autant plus que je n'avais plus piloté en course depuis un an"