" Bruno, arrête de marcher à quatre pattes ! ". Si les pantalons de Bruno Vandestick ne sont plus troués aux genoux, sa passion pour les sports mécaniques est toujours aussi vivace.
En effet au grand désespoir de sa mère, le gamin passait plus de temps à quatre pattes à faire des courses de voitures imaginaires que debout à courir. Une " drôle " d’habitude qui a conduit ses parents à investir dans une bonne paire de genouillères. Les jambes de pantalons enfin protégées, se sont ensuite les fonds de culotte qui se sont usés sur les bancs des tribunes du circuit du Mans lors des essais. Un pèlerinage pour toute la famille qui délaissait toutefois la course pour des week-ends à la campagne. C’est donc l’oreille collée à la radio ou le nez rivé sur l’écran de télévision que Bruno suivait les évolutions de ses idoles.
" Et Bruno pompait, pompait, pompait des infos "
En 1977 à neuf ans, la victoire de la Porsche 936 n°4 de Jacky Ickx, Jurgen Barth et Hurley Haywood après deux dernier tours à l’agonie, marque un tournant décisif dans la suite de sa vie. Le petit Bruno entre alors dans la phase " boulimie d’informations relatives aux 24 Heures du Mans " : tous les médias sont bons pour assouvir ses fringales. Les livres, revues, annuaires remplacent allègrement les cahiers et manuels scolaires dans le cartable. En 1980, c’est le bonheur absolu : il assiste enfin à la course en direct. Et si pour la plupart des élèves la date historique de référence est sans nul doute 1515 avec sa célèbre bataille de Marignan, pour Bruno, c’est 1982 pour la libéralisation des ondes de la bande FM. Les hasards de la vie vont donc mettre Jérôme Lavigne, disc-jockey de la boite de nuit Le Shaddock, créateur et animateur de la station de radio West FM, sur la route de l’ado. Dès 1984, le voilà promu responsable d’une chronique automobile sur les ondes mancelles.
" Platon, il court pour quelle écurie celui -là ? "
1987, est une année noire, le " gars " Bruno est privé de 24 Heures. Au lieu de crapahuter sur le circuit, il est consigné chez lui pour réviser " un bac B soporifique ". Inutile de préciser que les performances de Derek Bell, Hans Stück et Al Holbert au volant de la Porsche 17 laisseront plus de traces dans son esprit que les citations de Platon, Kant, Hegel et Spinoza. Résultats des courses, il lui faut rattraper 49 points (sur les 50 possibles). Mission accomplie !
" Circulez, y a rien à voir "
Son expérience en radio lui permet alors d’intégrer l’équipe de Radio Arc en Ciel pour un CDI de 6 mois. Les radios locales qui manquent de moyens et de matériel commencent à s’essouffler, elles doivent aussi faire face à de grosses stations comme NRJ qui étendent leur couverture nationale par l’achat de fréquences dans toutes la France. Après ce licenciement économique et un service militaire à la gendarmerie, il décide de reprendre les études Laissant tomber l’idée de faire une école de journalisme pour une raison X (qui n’a rien à voir avec sa passion pour les filles !), Bruno s’inscrit en L.E.A (Langues étrangères appliquées) à la fac. Un petit tour et puis s’en va, puisqu’il quitte les bancs de l’université à la fin de la première année. Un choix qu’un de ses profs a récemment commenté : " vous avez bien fait d’arrêter, c’était le bon choix ". De quoi se gratter la tête pour l’interprétation que l’on doit en faire ! Il devient alors SRF (sans radio fixe) pendant quelques temps.
" Place aux jeunes ! "
Radio 24 Heures, née en 1983 sous l’impulsion du speaker officiel Jean-Charles de Laurens se retrouve orpheline dès la fin du mois de juin 1983. C’est donc Olivier Garroullaye, alors speaker des 24 heures motos qui reprend le flambeau, il est aidé dans cette tâche par Philippe Debarle, chargé de l’animation. Bruno Vandestick qui a finalement posé ses bagages et son micro à Radio Maine libre se retrouve enfin dans son élément en 1988 à faire des interviews dans les stands aux 24 Heures. Le style d’Olivier de la Goullayre et du petit nouveau s’affronte, l’un prônant un certain classicisme, l’autre un commentaire plus dynamique. En 1993, c’est la rupture, l’élève remplace le maître. Bruno embauché par l’A.C.O. en 1991 au service de presse, devient officiellement la voix des 24 heures.
" Comme un poisson dans l’eau "
Depuis ce passionné de boulot enchaîne environ 25 courses par an pour l’A.C.O. Le reste du temps, il occupe une sorte de poste d’attaché de presse. Et pour se changer les idées ... il commente le Bol d’Or, le Grand Prix de France, où officie comme speaker de stand au Grand Prix F1 de Magny–Cours. Pour décompresser, il avoue toutefois une passion secrète pour la plongée " sous-marine " dans La Charente. Equipée de son épuisette, il devient le roi de la pêche en eau douce.
" Médecin malgré lui "
Le pire cauchemar de Bruno Vandestick : être aphone pendant les 24 Heures. C’est la raison pour laquelle, il frise la paranoïa, fuyant le moindre courant d’air, traquant le moindre symptôme de mal de gorge, réagissant au quart de tour à la moindre petite anomalie. En cas d’alerte, il ouvre la pharmacie de son bureau qui peut faire concurrence au P.C. médical. Une chance pour lui, le contrôle antidopage n’est pas encore d’actualité pour les speakers, il peut donc continuer à ingurgiter des quantités astronomiques de vitamines avant, pendant et après la course. Dernier ingrédient indispensable à sa préparation physique de l’événement : un stock de pots de miel.
" Les copains d’abord "
Le meilleur souvenir de Bruno est sans conteste la victoire de son ami Yannick Dalmas au volant de la Porsche 36, et du somptueux duel pour la seconde place entre Eddy Irvine (Toyota) et Thierry Boutsen (Porsche). Côté mauvais souvenir, l’abandon de Yannick Dalmas (eh oui, encore lui !) en 97 à 90mn de l’arrivée alors qu’il était en tête. Pour les mauvais plans on passe sur la laryngite de 1997, qui l’avait privé de voix toute la semaine précédant les 24 Heures. L’édition 99 est une nouvelle occasion de passer une semaine avec ses potes : Yannick Dalmas (décidément, il y tient !), Henri Pescarolo, Bob Wollek, Emmanuel Collard, etc, etc, etc ...
LeMans 2013 / Bruno Vandestick / Miss 24 heures du Mans 2013 / Vincent Cerruti
Bibliographie
Document ACO/Lemans 1999