Le retour de Peugeot aux 24 heures du Mans
Le 14 juin 2005, Peugeot annonçait sa décision de relever un nouveau défi technologique : gagner l’une des plus prestigieuses et des plus exigeantes courses automobiles au monde, les 24 Heures du Mans, avec une voiture animée par un moteur diesel HDi, équipé du filtre à particules (FAP).
Cette course emblématique, qui attire chaque année plus de 200 000 spectateurs, sera l’occasion pour Peugeot de donner libre cours à l’expression de ses valeurs de marque : la valeur sûre, démontrée par le choix de l’endurance associée à la fiabilité, le dynamisme, souligné par le défi d’une équipe associé à la performance, l’esthétique, illustrée par la félinité de la ligne, enfin l’innovation qui s’exprimera, entre autres, par le recours à des technologies qui préservent l’environnement.
La voiture, qui portera les couleurs de Peugeot aux 24 Heures du Mans et dans les «Le Mans Series» en 2007, sera la 908, le 9 caractérisant les modèles d’exception de Peugeot et le 8 faisant suite au concept-car 907. Le choix s’est porté sur une voiture fermée, en phase avec l’évolution réglementaire annoncée par l’Automobile Club de l’Ouest le 16 juin 2006.
D’autre part, il était souhaitable de conserver une filiation avec celle qui a remporté deux fois les 24 Heures du Mans, en 1992 et 1993, la Peugeot 905. Si, techniquement, cette solution présente un certain nombre d’inconvénients (masse, hauteur du centre de gravité, problèmes d’exploitation), l’équipe Peugeot Sport pense qu’elle présente aussi des avantages, notamment en termes de rigidité de châssis et d’aérodynamisme.
La monocoque
La monocoque est en carbone et présente une véritable structure fermée, contrairement à la 905, qui était une « barquette » avec un arceau tubulaire rapporté. Ce type de structure apporte une forte rigidité naturelle (effet « coquille d’œuf »), qui permet d’optimiser la masse de la monocoque.
La carrosserie et l’aérodynamique
Créé de toutes pièces au début de l’année 2006, le service aérodynamique de Peugeot Sport a eu la lourde tâche de définir une carrosserie aussi originale qu’efficace en seulement quelques semaines. Trois mois après l’arrivée du responsable aérodynamique, une maquette de la voiture subissait les premiers tests en soufflerie !
Les formes de la voiture résultent, non seulement, du nécessaire compromis entre finesse et traînée, mais aussi du besoin d’alimenter au mieux les différents échangeurs disposés à l’intérieur de pontons largement dimensionnés.
Suspensions, direction, freins
Compte tenu du challenge que représentent à la fois la conception d’une voiture complète en un temps record et le défi particulier de la motorisation HDi FAP, l’équipe Peugeot Sport a retenu des solutions éprouvées pour la définition des suspensions avant et arrière à poussants, de la direction assistée électriquement et du freinage.
La boîte de vitesses
Elle est en position longitudinale et permettra d’adopter jusqu’à 6 rapports, ce qui correspond à la limite réglementaire. Elle a été dimensionnée pour supporter l’énorme couple du moteur, tout en maîtrisant au mieux les aspects masse et encombrement. La commande de boîte de vitesses est électropneumatique.
Le moteur
Le choix de l’architecture moteur s’est porté sur un 12 cylindres en V, ouvert à 100°, d’une cylindrée de 5.5 l.
La cylindrée maximale autorisée par le règlement a été choisie pour favoriser le fonctionnement à bas régime en facilitant l’admission d’air. Elle permet également, dans un premier temps, de limiter la puissance spécifique, puis de disposer d’un potentiel de développement intéressant.
Le nombre de cylindres résulte, d’une part, de la volonté de conserver un alésage très proche d’un alésage de moteur de série - afin de profiter pleinement du savoir-faire de Peugeot en matière de combustion diesel - et, d’autre part, de limiter la course à une valeur raisonnable. L’architecture V12, bien connue pour son bon équilibrage, réduit en outre les vibrations à un niveau minimal.
L’angle du V de 100° permet, comme l’architecture V12, d’abaisser la hauteur du centre de gravité, sans affecter la rigidité en torsion du moteur. Deux FAP sont situés à l’extrémité de chacune des lignes d’échappement. Ils permettront de garantir un fonctionnement moteur sans fumée, et ce, en toutes circonstances. Les lignes d’échappement sont les plus courtes possible, avec un collecteur « 6 en 1 » donnant dans un turbocompresseur Garrett, puis dans un filtre à particules très compact et débouchant par une sortie latérale, en avant de la roue arrière.
L’électronique
La 908 profitera pleinement de l’important savoir-faire de Peugeot Sport en matière d’électronique, acquis grâce à l’expérience accumulée sur les voitures du WRC, abondamment équipées d’électronique, notamment au niveau des différentiels. Peugeot Sport profitera également de l’expérience de Bosch qui fournira l’essentiel des composants et qui développera le « système voiture » sur la base de spécifications fournies par Peugeot Sport. De bonnes performances sont ainsi attendues en termes de « traction control », fonction fondamentale pour maîtriser le couple moteur lors de son passage vers la piste, en préservant au mieux les pneumatiques Michelin.
Fiche technique de la Peugeot 908
Moteur : |
Suspension, direction, freins : |
- En position centrale longitudinale arrière |
- Différentiel : autobloquant |
- Tout aluminium et carter cylindres en aluminium taillé dans la masse |
- Suspensions AV et AR à poussants |
- 12 cylindres en V à 100° |
- Direction assistée électrique |
- Cylindrée : 5.5 l |
- Pneumatiques Michelin |
- Injection directe à rampe commune |
- Jantes : BBS en magnésium |
- Gestion moteur : Bosch MS17 |
- Longueur : 4 650 mm |
- Puissance : 700 ch |
- Largeur : 2 000 mm |
- Couple : 1 200 Nm |
- Poids minimum : 925 kg |
Transmission : |
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- Boîte de vitesses : longitudinale à 6 rapports maximum |
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Commande de boîte électropneumatique |
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Peugeot aux 24 heures du Mans 2007
Pour cette édition 2007, Peugeot engage officiellement 2 protypes 908.
Vainqueur des 2 premieres manches du championnat LMES, Peugeot va rencontrer pour la 1ere fois un adversaire à sa taille, en l'occurence Audi. La firme allemande rafle la quasi totalité des manches d'endurances depuis 2000, vaincre dans la Sarthe sera un challenge fort difficile pour Peugeot.
Après avoir dominé les voitures 'essences' à Monza puis Valence, la peugeot 908 aux mains de Sébastien Bourdais a réussit le meilleur temps de la journée d'essais préliminaires. Si la voiture semble hyper performante, l’inconnu concerne surtout la fiabilité sur 5000 kms. Si la mécanique tiend, aucun doute, la Peugeot pourra viser la victoire.
Les équipages Peugeot 2007
Peugeot 7
Marc gene, né le 29 Mars 1974 à Sabadell (Espagne), Pilote Minardi en F1, avant de devenir pilote d'essai pour Williams puis Ferrari. Vainqueur des 1000 km de Monza au volant de la 908, il débute au Mans.
Nicolas Minassian, né le 28 février 1973 à Marseille (France), 2eme du championnat F3000 en 2000, Vainqueur des 1000 km de Monza au volant de la 908, ce sera sa 8eme participation au Mans.
Jacques Villeneuve, né le 9 avril 1971 à St jean de Richelieu (Canada), Fils de l'illustre Gilles Villeneuve, vainqueur des 500 miles d'Indianapolis, Vice champion du monde de F1 en 1996, et champion du monde des pilotes en 1997. Il débute au Mans.
Peugeot 8
Pedro Lamy, né le 20 mars 1972 à Aldela (Portugal). pilote de F1avant de devenir pilote de GT. Vainqueur des 1000 km de Valence au volant de la 908, ce sera sa 8eme participation au Mans.
Stephane Sarrazin, né le 2 novembre 1975 à Alès (France). Pilote de F1 avant de devenir pilote en Rallye, Vainqueur des 1000 km de Valence au volant de la 908, ce sera sa 6eme participation au Mans.
Sébastien Bourdais né le 28 février 1979 au Mans (France). Champion de F3000 en 2002, triple vainqueur du Champ Car américain. Ce sera sa 6eme participation au Mans.
Peugeot a parfaitement réussi son retour aux 24 Heures du Mans quatorze ans après son triplé historique de 1993, en prenant la deuxième place finale avec la nouvelle Peugeot 908 HDi FAP au volant de laquelle se sont relayés Stéphane Sarrazin, Pedro Lamy et Sébastien Bourdais. Malgré l'abandon de la Peugeot n°7 de Nicolas Minassian/Marc Gene/Jacques Villeneuve à une heure et demie de l'arrivée alors qu'elle occupait la deuxième place, le bilan est extrêmement positif pour le Team Peugeot Total dont l'objectif avoué était d'engranger de l'expérience pour 2008.
A l'arrivée de ces 75e 24 Heures du Mans disputées sous une météo capricieuse, les motifs de satisfaction sont évidemment nombreux pour le Team Peugeot Total, qui, il y a seulement douze mois, ne présentait qu'une « simple » maquette du moteur de la future 908 HDi FAP ici même sur le circuit du Mans. Un an plus tard, après un travail acharné, la « vraie » Peugeot 908 HDi FAP s'est qualifiée en pole position après avoir réalisé le meilleur temps de la Journée Test et remporté deux succès en Le Mans Series. D'autre part, la Peugeot 908 HDi FAP n'avait couvert que 3500 km d'affilée en simulation. Or, ce week-end, la Peugeot n°7 est allée bien au-delà avant de devoir abandonner et la Peugeot n°8 a coupé la ligne d'arrivée en 2e position après 4892km. Le Team Peugeot Total a donc pu récolter de précieuses informations pour l'avenir.
C'est le Français Stéphane Sarrazin qui qualifia la Peugeot 908 HDi FAP n°8 en pole position dans les ultimes secondes de la première séance d'essais qualificatifs, alors que Nicolas Minassian signa le 3e meilleur chrono. Les deux Peugeot 908 HDi FAP s'élancèrent donc depuis les deux premières lignes samedi à 15h devant plus de 200 000 spectateurs. Peu après 20 heures, alors qu'elle luttait aux avant-postes, la Peugeot n°8 dut rentrer au stand pour un changement de roulement arrière.
Relégués en 13e position, Stéphane Sarrazin, Pedro Lamy et Sébastien Bourdais entamèrent une remontée fantastique pour revenir sur le podium aux côtés de leurs équipiers Minassian, Gene, Villeneuve (Peugeot n°7), passés 2e après la sortie de route de la voiture de tête. Mais à très exactement 100 minutes de l'arrivée, le moteur de la Peugeot 908 HDi FAP n°7 rendit l'âme. Sur l'autre voiture, le second moteur V12 HDi FAP montra lui aussi des signes de faiblesse, mais Sébastien Bourdais parvint à franchir la ligne d'arrivée de ces 24 Heures du Mans 2007 en 2e position.
Frédéric SAINT-GEOURS (Directeur Général de Peugeot). « C'est un excellent résultat, très prometteur pour l'avenir. Tous les investissements financiers et humains que nous avons faits dans ce programme Endurance le seront pour une longue période. »
Michel BARGE (Directeur Peugeot Sport). « C'est vrai, on s'est fait très peur à la fin, surtout que nous avions perdu une auto à une heure et demie de l'arrivée. Nous avons eu des soucis de chute de pression d'huile importante. Nous devons continuer à travailler la fiabilité pour avoir les mêmes performances en course que lors des essais. 2007 est une année de préparation et de rodage pour l'année prochaine. Bravo à toute l'équipe et aux pilotes, très complémentaires, qui ont tous apporté leur expérience à ce projet. »
Stéphane SARRAZIN (Peugeot 908 HDi FAP n°8). « C'est extraordinaire. Les mécaniciens ont fait du super boulot lorsqu'il a fallu solutionner les petits problèmes mécaniques en début de course. Nous n'avions pas assez d'expérience pour nous battre pour la victoire, mais le résultat est plus que positif. »
Sébastien BOURDAIS (Peugeot 908 HDi FAP n°8). « Le moment le plus fort ? L'arrivée, bien sûr, une fin de course complètement folle sous des conditions dantesques. Nous avons eu un gros souci moteur et on ne savait pas s'il allait tenir un tour de plus ! L'équipe a fourni un travail extraordinaire en seulement six mois pour terminer sur le podium de la course la plus difficile au monde. »
Pedro LAMY (Peugeot 908 HDi FAP n°8). « Le programme Peugeot 908 HDi FAP a commencé tard. Rien n'existait il y a encore un an, alors ce résultat est inespéré. Mes coéquipiers ont eux aussi fait un super boulot. »
Communiqué de Presse Peugeot Sport