Qu’est ce qui a changé chez Toyota par rapport aux années précédentes ?
La deuxième année, on a amélioré le tout mais on savait que ce serait difficile car il nous manquait la vitesse.
Cette année, on arrive avec la vitesse, l’expérience et une voiture qui a montré qu’elle était fiable. L’unique objectif est de gagner la course et de prendre de gros points pour le championnat.
Toi qui a l’habitude de la F1, peux-tu nous faire une comparaison concernant la récupération d’énergie et son utilisation entre un proto et la F1
Je pense que le système le plus similaire doit être celui de la Porsche qui utilise une technologie assez proche de ce qui se fait en F1. Concernant la puissance fournit par les moteurs électriques, la puissance sur la Toyota est supérieure à celle fournit en F1. C’est renforcé par le fait que nous avons des moteurs à l’arrière mais aussi à l’avant. En sortie de virage, les 4 roues motrices permettent d’utiliser les 1000CV. Dans ces conditions il est clair que tu accélères beaucoup plus fort.
Comment juges-tu les performances de la concurrence ?
Sur un tour, la Porsche semble la plus compétitive. Elle est presque plus rapide que nous. C’est maintenant difficile de dissocier la partie thermique de la partie électrique, disons que son Powertrain à l’air particulièrement efficace. Pour les essais, ils semblent avoir beaucoup de puissance et devraient péter un chrono. Tenir le même rythme sur une course de 24 heures, c’est autre chose. Sur une course de24 heures, la pole n’est pas le plus important. Pour la victoire finale, on craint plus Audi, ils vont terminer quoi qu’il arrive, c’est un rouleau compresseur.
Pour Toyota, est-ce l’année ou jamais car Porsche va emmagasiner de l’expérience et sera sans doute plus difficile à battre dans le futur.
On sait que l’on est en bonne position pour gagner, c’est clair qu’il vaut mieux en profiter. Le début de saison a montré qu’on était un peu mieux qu’Audi en performance et les Porsche sont débutantes, on semble bien placés.
Audi a aussi pu cacher son jeu. Est-ce qu’il aurait pu en garder un peu sous la semelle lors des deux premières manches ?
Par le passé effectivement, le règlement poussait vers cette voie-là. Les équivalences pouvaient être réajusté jusqu’au dernier moment. Cette année, ce n’est plus le cas, les règles sont connues. Qu’ils soient une seconde devant ou une seconde derrière, on ne travaillera pas moins et on donnera notre maximum du début à la fin.
Concernant la gestion de la consommation, tout est calculé et optimisé ?
Ce fût un gros travail, surtout en début de saison. Personne n’est à l’abri d’une erreur ou d’une pénalité comme on a pu le voir récemment en F1.
Entre la conduite d’une F1 et d’un proto, qu’elles sont tes impressions
Les règlements convergent, ça semble donc normal que les deux se rapprochent de plus en plus. Les grosses différences sont surtout la position de conduite et le toit. Pour le reste c’est la philosophie de la course qui est différente. En F1, la voiture est conçue pour délivrer le maximum sur une heure et demie alors qu’ici il faut tenir 24 heures. Une autre différence, c’est le fait de rouler avec des voitures beaucoup plus lentes, d’autres un peu moins lentes. Aujourd’hui, un pilote rapide en endurance, doit savoir attaquer très fort dans le trafic sans prendre trop de risques.
Tu souffres de la chaleur dans une voiture fermée ?
Physiquement, en F1 c’est plus difficile car tu prends plus de G. Au niveau du cou ou des articulations tu le ressens. Dans un proto, il fait plus chaud et tu as moins d’air.
On s’achemine vers un week-end chaud, ce sera donc plus difficile
Effectivement. De plus, du fait des longues lignes droites, l’usure des pneus est moindre ici que sur les autres circuits, on aura sans doute à faire des relais plus longs
Peux-tu nous décrire ce que tu ressens quand tu conduis la nuit à 340 km/h.
On n’a pas l’habitude de vivre cette sensation en dehors du Mans. C’est vraiment extraordinaire. Piloter une LMP1 aux 24 heures du Mans dans un team comme Toyota, être en position de se battre pour la victoire et rouler à ces vitesses, c’est tout simplement phénoménal.
