Crise financière, côut de l'énergie fossile ou lobbye vert sont aujourd'hui des freins au développement du sport automobile. Pourtant, la Formule 1 comme les 24 heures du Mans sont plus que jamais devenus des laboratoires de recherche avant-gardiste dont les résultats se retrouvent dans la foulée sur la voiture de Monsieur tout le monde.



La liste des innovations est longue, une des dernières en date concerne l'éclairage laser vu sur les Audi R18 engagées aux 24h du Mans 2014.Cette technologie est aujourd'hui disponible comme option sur certains modèles de la gamme BMW.

Concernant la motorisation et surtout la consommation qui préoccupe chacun de nous au quotidien, nul n'ignore que les voitures modernes, avec des performances pourtant largement supérieures, consomment bien moins que leurs ainées.
Aussi bien en F1 qu'au Mans, les derniers règlement techniques limitent de façon drastique la consommation de carburant. Le recours à la récupération d'energie permet à un bolide 2014 de consommer 25% de moins qu'un bolide 2013. Nous n'en sommes pourtant qu'au début d'une nouvelle ère technologique et les ingénieurs ont encore beaucoup de projets novateurs dans leurs cartons.

En préambule à la conférence de presse de présentation des 24 Heures du Mans 2015, tenue jeudi 5 février à Paris, l’ACO avait convié les médias généralistes et de l’industrie automobile à une conférence débat concernant l’impact du sommet de l’endurance mondial en termes industriels pour les grands constructeurs.
 
Devant les représentants de la presse, Pierre Fillon Président de l’ACO, Vincent Beaumesnil Directeur sport de l’ACO et en charge des règlements ; Pascal Couasnon, Directeur de la compétition de Michelin ; Darren Cox, Directeur de Nissan Motorsport Global ; Wolfgang Ullrich, Directeur d’Audi Sport et Pascal Vasselon, Directeur technique de Toyota Motorsport Group ont répondu aux questions des journalistes en présence de Frédéric Lénart, Directeur Général de l’ACO.

Après avoir initié le débat rappelant les nombreuses innovations automobiles testées et validées dans la grande histoire des 24 Heures du Mans évoquant au passage la roue démontable, les freins à disque, les essuie-glaces ou encore les phares à iode, Pierre Fillon, Président de l’ACO n’a pas manqué de rappeler le bond technologique important initié avec l’application du nouveau règlement des 24 Heures du Mans en 2014 incitant les constructeurs à consommer jusqu’à 30 % de carburant en moins tout en roulant avec des pneus de plus en plus étroits, en phase avec les besoins routiers actuels. Une considération totalement en adéquation avec les défis que l’industrie automobile doit relever, notamment liés à la problématique du développement durable.

Pendant plus d’une heure, Pascal Vasselon, Wolfgang Ullrich, Darren Cox et Pascal Couasnon ont énuméré les nombreux bénéfices que retirent les grands constructeurs automobiles de leur présence au Mans – au-delà de l’aspect purement sportif – en terme de marché, de technologie, de marketing, et d’images.

Audi R18 Hybrid

Evidemment l’image que s’est créée Audi à travers son implication en endurance aux 24 Heures du Mans depuis 1999 était au cœur du discours de Wolgang Ullrich qui insista sur le slogan cher à la marque d’Ingolstadt du « progrès par la technique » traduction de l’allemand « Vorsprung Durch Technic ». Les innovations ainsi menées sur l’injection directe en 2001 dont tous les moteurs essence du groupe Volkswagen bénéficient aujourd’hui, la puissance et la sobriété des moteurs Diesel de ce géant de l’automobile depuis l’avènement du moteur TDI vainqueur en 2006, l’avènement des technologies hybrides… illustraient son propos. Une donnée imposante marqua les esprits : en 2014, l’Audi victorieuse consomma 25 % de carburant en moins par rapport à 2013 - progression sidérante sur un an – tout en affichant des performances équivalentes. Autre chiffre révélé alors : entre 2006 et 2014, les Audi consomment au Mans 62 % de carburant en moins… et gagnent toujours. Sans oublier la démarche mondiale du constructeur qui communique auprès de ses différents importateurs en les invitant à découvrir la force de conviction de l’évènement sur tous les marchés mondiaux.

Pascal Vasselon a lui précisé que les ingénieurs travaillant sur le groupe motopropulseur hybride des TS040 Hybrid étaient les mêmes que ceux oeuvrant sur les véhicules de route et retournaient régulièrement au Japon dans les départements Recherche et Développement de Toyota Motor Corporation, forts des enseignements de la compétition. D’ailleurs la filiale compétition du géant japonais travaille actuellement sur 64 projets de recherches et développements purs, le programme Le Mans étant l’un d’entre eux mais rejaillissant sur tous. C’est ainsi par exemple que les travaux généraux d’équilibre inertiel des amortisseurs menés en endurance bénéficient directement aux voitures du marché tout comme la méthodologie aérodynamique ou les outils de simulation employés pour amener les prototypes LM P1 au top de la performance.

Toyota TS020 Hybrid

Darren Cox, Directeur de Nissan Motorsport Global, a insisté sur le sommet de l’édifice marketing que constitue l’arrivée de Nissan en catégorie reine face à des constructeurs d’une telle envergure aux 24 Heures du Mans, véritable vitrine mondiale du sport et des technologies de pointe. Nissan, dont le retour aux 24 Heures du Mans s’effectue cette année, apprécie particulièrement l’ouverture d’esprit du règlement manceau, permettant d’aligner en course des voitures très différentes. Ce qu’est assurément la nouvelle Nissan LM GTR présentée de manière très spectaculaire lors du dernier Super Bowl. En terme de marketing aussi, Nissan se différencie mais tire profit des 24 Heures du Mans.

Pascal Couasnon n’a pas manqué de préciser que la technologie pneumatique employée aux 24 Heures du Mans se retrouvait sous trois ans dans les gommes proposées à la vente pour les particuliers, détail particulièrement concret ou que les secrets de la préparation physique des pilotes et des techniciens de compétition, menés avec l’équipe de rugby de Clermont-Ferrand étaient au fur et à mesure introduits au profit des employés des usines du Groupe. Le responsable de la compétition de Michelin, stigmatisant le climat autophobe ambiant, rappelait aussi avec justesse que le sport automobile est le plus formidable accélérateur de progrès qui soit. Au bénéfice de tous.

Porsche 919 Hybrid

En conclusion, Vincent Beaumesnil, Directeur Sport de l’ACO et en charge des règlements a donné quelques orientations sur les futurs progrès comme l’optimisation du confort du pilote, donc par transposition du conducteur, et le développement des voitures connectées. « L’innovation et le développement technologique dans une fourchette de coûts maîtrisés constituent les clés de mobilité du futur », c’est l’une des raisons ayant fédéré les 263 000 personnes présentes aux 24 Heures du Mans en 2014 au-delà de la fantastique confrontation sportive dans les différentes catégories.

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