LM P1
Quatre grands constructeurs étaient engagés dans la catégorie reine des LM P1 de la 83e édition des 24 Heures du Mans. Audi et Porsche défendaient équitablement les couleurs de l’Allemagne face à un duo japonais plus hétérogène constitué de Toyota, champion du monde d’endurance en titre et de Nissan qui effectuait son grand retour au plus haut niveau.
Dans ce match Japon-Allemagne, la palme de la vitesse et de l’endurance a nettement basculé dans le camp germanique et plus précisément chez Porsche. Les deux constructeurs allemands se sont livrés un combat de tous les instants, les pilotes des Audi R18 e-tron quattro et Porsche 919 Hybrid rivalisant de prouesse à plus de 240 km/h de moyenne lorsque la piste le leur permettait.
En toute logique, la seule voiture à n’avoir connu de soucis en piste, l’a emporté. Grâce à la Porsche n°19, le constructeur allemand remporte sa 17e victoire au 24 Heures du Mans. Il est venu à bout, non sans mal, de son cousin Audi dont les voitures ont toutes été successivement retardées.
La première Audi R18 e-tron quattro à lâcher prise était la n°8, samedi en fin d’après-midi, après un contact avec les rails entre Mulsanne et Arnage. Une perte de capot arrière à 6 h55, dimanche, handicapait la n°7 qui avait bataillé toute la nuit avec la Porsche n° 19. Pour finir, après un léger contact avec une Ferrari durant la nuit et des soucis sur son système hybride avant-gauche, la n°9 était la dernière des voitures du Audi Sport Team Joest à subir des avaries qui empêchaient la marque aux anneaux de décrocher un quatorzième succès.
Pendant ce temps, les deux rookies, Nico Hülkenberg, seul pilote de F1 en activité, le Néo -Zélandais Earl Bamber et le Britannique Nick Tandy (2 participations) enchaînaient les relais sans coup férir, et prenaient définitivement le commandement au 252e tour, dimanche matin, quand l’Audi n°7 lâchait prise.
Porsche plaçait une deuxième 919 Hybrid, la n°17, sur la 2e marche du podium. Partie en tête, mais distancée en début de nuit suite à une pénalité d’une minute pour un dépassement effectué sous drapeau jaune, la n°17 de Webber, Bernhard et Hartley pointait avec un petit tour de retard seulement sur sa sœur d’écurie qui à l’arrivée avait parcouru 395 tours, soit deux tours seulement de moins que le record absolu de l’épreuve.
Dans le camp Japonais, Toyota n’a pas démérité, mais le rythme de leur TS040 Hybrid n’était pas suffisant pour soutenir la comparaison avec les voitures allemandes. La n°2 de Sarrazin-Wurz-Conway était la mieux classée à 8 tours des vainqueurs (6ème). Nissan, sur ses trois GTR-LM Nismo alignées au départ, suite à l’abandon de la n°21 en début de nuit, et de la n°23 à deux heures de l’arrivée, voyait une seule de ses voitures, la n°22, passer sous le drapeau à damier. N’ayant pu parcourir au moins 70% de la distance accomplie par les gagnants de l’épreuve, elle n’était pas classée.
LM P2
En LM P2, c'est une victoire de KPMG sur l’Oreca 05- Nissan de Lapierre, Howson et Bradley. Corvette s’impose en LM GTE Pro (Gavin, Milner, et Taylor) et SMP Racing s’offre la victoire dans la dernière heure en LM GTE Am grâce à l’équipage Italo-Russe Bertolini -Shaytar-Basov.
Carton plein pour l’écurie hongkongaise KCMG qui remporte la course après avoir dominé les qualifications. Le français Nicolas Lapierre, et ses coéquipiers britanniques Mathew Howson et Richard Bradley ont dû batailler ferme pour venir à bout de leurs adversaires et imposer leur Oreca 05 n°47 à moteur Nissan face à une armada de Ligier accablées par les faits de courses en première partie d’épreuve (début d’incendie sur la n°26, pénalités pour la n°28).
C’est une autre Oreca 05, celle de Thiriet By TDS Racing qui venait contester la supériorité de KCMG lors des premières heures avant de connaître en pleine nuit un accrochage au ralentisseur Forza Motorsport. Tristan Gommendy était percuté à l’arrière gauche par l’Aston Martin n°99 qui menait sa catégorie. Si la n°99 pouvait repartir, les dégâts dans le camp de la LM P2 française étaient rédhibitoires. La Gibson 015S n°38 de l’équipe anglaise Jota Sport, victorieuse en 2014, terminait à moins d’une minute des vainqueurs, poursuivie par la Ligier JS P2 n°26 de G-Drive Racing qui montait sur la troisième marche du podium.
LM GTE Pro
La course démarrait tambour battant dans la catégorie LM GTE Pro qui avait perdu l’une de ses grandes animatrices lors des qualifications suite à l’accident de la n°63, déclarée inapte à prendre part à la course. La Ferrari n°51 des tenants du titre bouclait le premier tour en tête mais laissait rapidement les Aston Martin mener la danse. Porsche perdait vite une voiture, la n°92 de Patrick Pilet, dont le moteur venait de céder, victime d’un début d’incendie dans les Hunaudières à 15 h 58.
Le Porsche Team Manthey reportait alors ses espoirs sur la n°91 qui pointait 3e dimanche matin avant d’être ramenée au stand pour une fuite sur la boite de vitesse. Après avoir laissé batailler la Corvette n°64 avec les Aston Martin n°99, 95, et 97, la Ferrari n°51 pointait en tête à 5 heures dimanche matin et menait une grande bataille avec la Corvette C7.R n°64. La mécanique italienne ne tenait pas. La Ferrari n°51 était poussée à 11 heures dans son garage pour réparer sa boîte de vitesse et repartait en 3eme position derrière sa sœur d’écurie la n°71, sous la menace de l’Aston Martin n°95.
Avec cinq tours d’avance à deux heures de l’arrivée, la n°64 de Gavin, Taylor, et Milner, pouvait gérer sereinement sa fin de course. Ils offraient à l’équipe Corvette Racing une huitième victoire aux 24 Heures du Mans, la première pour ce modèle Chevrolet Corvette C7.R avec 337 tours parcourus et une 17e place au classement général. Les Ferrari n°71 et n°51 complétaient le podium.
LM GTE Am
Dominatrice des qualifications, l’Aston Martin n°98 de Dalla Lana, Lamy et Lauda se montrait également aux avant-postes en course mais voyait sa domination contestée par les Ferrari du SMP Racing n°72 et d’AF Corse n°83. Toute la nuit la Ferrari n°72 restait au contact et repassait en tête à la faveur des ravitaillements de la n°98.
Dimanche matin, la n°72 était victime d’un tout droit de Viktor Shaitar au virage d’Indianapolis. On pensait la victoire d’Aston Martin acquise lorsqu’à 46 minutes de l’arrivée, le pilote canadien Paul Dalla Lana ne contrôlait pas sa voiture. Dans Un doublé Porsche au bout d’une course époustouflante ! du virage Ford, il tapait le rail. Indemne, il sortait de sa voiture mais ne pouvait repartir. Une course cruelle pour Aston Martin Racing qui avait déjà perdu une voiture, la n°96 à 7 h 39 dimanche. Victime d’une sortie de piste au virage du Karting, Roald Goethe était transporté au centre hospitalier du Mans pour y subir des examens de contrôle.
Dans le sillage des leaders on avait pu assister à une superbe empoignade entre la Porsche n°77 du Dempsey-Proton Racing et la Ferrari n°62 de la Scuderia Corsa qui finissaient dans cet ordre derrière la Ferrari n°72 de Basov, Shaytar et Bertolini ayant récupéré la tête des LM GTE Am. Patrick Dempsey montait sur le podium des 24 Heures du Mans avec son compatriote Patrick Long et l’allemand Marco Seefried, deuxièmes d’une course folle.