Souffrant financièrement, la firme de Molsheim n'est pas présente officiellement dans la Sarthe. Les cinq Bugatti sont inscrites par des particuliers mais la Bugatti 4,9L no 2 engagée par Roger Labric est préparée par l'usine. Cette voiture très puissante, solidement ‘chaussée’ va vite, mais elle accuse pas moins de 2,4T au pesage. Elle constitue également la plus forte cylindrée de tous les véhicules engagés et les initiées sont pressés de voir son comportement puisque l’accident de 1931 n’avait pas permis de juger ses qualités, ni de la voir à l’œuvre au-delà de quelques tours.
Bugatti en 1934
Le Patron, Ettore, vit le plus souvent à Paris. Il est toujours aussi inventif. Voitures, avions, trains, bateaux, selles de chevaux ou machines à spaghettis, ils couchent sur des petits papiers les idées les plus lumineuses dans tous les domaines.
A Molsheim, Monsieur Jean, quoique très jeune dirige l’usine, il en connait tous les rouages. Meo Costantini, Robert Aumaitre le fidèle mécano, Henri Pracht pour les finances ou Pierre Marco sont des alliés sur lesquels il peut s’appuyer.
Sur le plan financier, en dehors des 1000 salaires, les compétitions et le train de vie familial coutent cher, trop cher. Heureusement, l’autorail et la sortie de la nouvelle 57 apportent de l’oxygène. En Février 1934 le 2e autorail est livré et L'État par l'intermédiaire de son directeur Raoul Dautry, passe commande d’autorails qui seront livrés en juillet et octobre 1934.
En compétition, les T59 alignés en Grand Prix sont malmenés par les Alfa Romeo de la Scudéria Ferrari. En ce début 1934, on ne compte qu'une victoire d'importance, celle obtenue le 27 mai 1934 par Pierre Veyron sur un type 51A lors du GP de l'Avus en catégorie voiturette (- de 1500cc).
Le Mans, 17 et 18 juin 1934
Souffrant financièrement, la firme de Molsheim n'est pas présente officiellement dans la Sarthe. Les cinq Bugatti sont inscrites par des particuliers mais la Bugatti 4,9L no 2 engagée par Roger Labric est préparée par l'usine.
N° 2 - Bugatti T50 - Labric Veyron
Cette voiture qui a déjà participé au Mans en 1931 aux mains de Varzi et Chiron arbore désormais une livrée bleue. Pour cette édition 1934, Pierre Veyron, pilote officiel Bugatti, vient épauler Roger Labric.
Cette voiture très puissante, solidement ‘chaussée’ va vite, mais elle accuse pas moins de 2,4T au pesage. Elle constitue également la plus forte cylindrée de tous les véhicules engagés et les initiées sont pressés de voir son comportement puisque l’accident de 1931 n’avait pas permis de juger ses qualités, ni de la voir à l’œuvre au-delà de quelques tours.
N° 4 - Bugatti T44 - Mahe Desvignes
Présenté en Octobre 1927 au Salon de Paris, le Type 44 est un succès commercial avec plus de 1000 exemplaires vendus. La voiture engagée est le châssis # 44197 doté d'une carrosserie à l'arrière fuyant.
N° 14 - Bugatti T55 - Brunet Zehender
Selon Christie's qui a proposé aux enchères cette Bugatti en 2003, le châssis No 55208 équipé du moteur No 12 a été assemblé en février 1932 avant d'être facturé par l'usine le 14 avril 1932 pour livraison à leur agent parisien Dominique Lamberjack. Selon les archives de l'usine, la voiture était équipée d'une carrosserie 'Roadster Luxe' sans doute mise en place soit par l'usine ou par l'un de ses très proches associés Gangloff de Colmar, si l'on en croit la commande de son premier propriétaire dont on pense qu'il s'agit du coureur automobile amateur français Charles Brunet. Une photographie de la nouvelle voiture, entourée apparemment par des membres de la famille Brunet, montre l'immatriculation temporaire 4954W12. La trace suivante de la voiture est sa participation à l'épreuve des 24 Heures du Mans de 1934 avec Charles Brunet qui partagea la conduite avec Zehender.
N° 15 - Bugatti T55 - Decaroli Fourny
N° 29 - Bugatti - Bodoignet Vallon
Châssis et moteur mystérieux.
Bodoignet est le vainqueur de la catégorie 1100cc en 1932 sur Amilcar. Fernand Vallon est un fidèle des 24 heures puisqu'il dispute ses 10ème 24 heures du Mans (sur 12 éditions).
24 heures du Mans 1934 La course
Invaincues au Mans depuis trois ans, les Alfa Romeo sont les grandes favorites. La Duesenberg du Prince Nicolas de Roumanie lâche durant les essais, ce sont finalement 44 concurrents qui s'élancent pour le XIIème Grand Prix d'Endurance.
Sous une chaleur torride, le Vicomte de Rohan, Président de l'Automobile Club de France donne le départ. A la fin du premier tour, Sommer sur l'Alfa no 7 passe en tête, il devance Etancelin (ex Bugattiste) sur l'Alfa no 9 et Pierre Veyron sur la Bugatti no 2.
Après seulement 14 boucles, l'Alfa de Raymond Sommer prend feu à Arnage. C'est l'abandon pour le vainqueur des éditions 1932 et 1933.
15ème tour, abandon de la Bugatti n° 15. La voiture qui pointait en 16ème position est mise hors course pour aide extérieure en dehors du box de ravitaillement..
Une fuite au réservoir d'essence vient contrarier l'Alfa de Chinetti. On rafistole la fuite au chewing-gum en priant pour que la réparation de fortune tienne car les ravitaillement anticipés sont interdits.
Les temps changent et en 1934 le Type 50 fait figure de 'camion' face à ses rivales. Les propos tenus par le Patron envers Bentley quelques années plus tôt ("camion les plus rapides du monde") pourraient dans ce contexte s'appliquer à ses propres modèles.
Chinetti et Etancelin dominent et possèdent 4 tours d'avance sur la Bugatti n° 2 de Veyron-Labric.
73ème tour, abandon de la Bugatti n° 2
Aux environs de minuit, la Bugatti n° 2 est en deuxième position, mais Veyron s'immobilise dans les Hunaudières. L'arrêt s'éternise et le pilote ne pourra malheureusement pas repartir. Le motif de son abandon n'est pas connu avec certitude (Pont? Bielle? Moteur?).
75ème tour, abandon de la Bugatti no 14
La voiture est en quatrième position. La voiture pilotée par Brunet heurte l'arrière la Tracta de Félix Quinault. Un capotage s'ensuit et la Bugatti termine sa course dans un fossé d'Arnage. Brunet s'en sort avec une arcade sourcilière fendue.
Peu après 6 heures du matinn la Bugatti n° 29 qui se trouvait en 20ème position abandonne sur soucis d'alimentation. La voiture avait couvert 90 tours.
Norbert Mahé et Jean Desvigne sont les seuls représentants Bugatti à l'arrivée. Le type 44 termine en 9ème position bien loin de l'Alfa Romeo victorieuse de Chinetti Etancellin... et oui, le chewing gum a tenu.
Dans les Grand Prix comme sur 24 heures, les bolides de Milan se montrent intraitables. La Bugatti termine 1ère de la catégorie 3L. En dehors de la 4ème victoire consécutive d'Alfa Romeo, il faut retenir la très bonne tenue des voitures anglaises.
22 juillet 1934 GP Albi - Victoire de Pierre Veyron sur le Type 51A en catégorie 'voiturette'
29 juillet 1934 Victoire de René dreyfus au Grand Prix de Belgique sur le Type 59. Sforza Antonio Brivio et Robert benoist, aussi sur Bugatti, terminent respectivement deuxième et quatrième.Une victoire certe mais les équipes allemandes (Auto Union et Mercedes) se sont retirées avant le départ suite à une taxe de dernière minute et les pilotes de pointes Maserati sont également absents. Sur 7 voitures au départ, il n'en reste que 5 à l’arrivée. C’est une victoire inespérée.
24 octobre 1934, l’autorail Bugatti atteint 192 kilomètres à l'heure entre Le Mans et Connéré. C'est le nouveau record du monde de vitesse sur rails.
28 octobre 1934 Grand Prix d'Algerie. Victoire de Jean Pierre Wimille sur le type 59.
Bibliographie
24 Heures du Mans 1994 - Teissedre / Moity
Histoire d'une grande bataille pacifique et sportive - Roger Labric