Bugatti en 1935
Ettore vit à Paris et se concentre sur des projets d'avion et de bateaux.
12 janvier 1935: L'auto-rail Bugatti relie Paris à Strasbourg en 3h53, soit une moyenne générale de 130 km/h.
En liaison commerciale, le Bugatti, avec ses compartiments voyageurs, son buffet-cuisine pourvu d’un réchaud à gaz butane, d’une glacière et d’éviers permet de servir des consommations et des repas. Très rapide et très confortable, l'auto-rail n'attend plus que les commandes de l'état. Dans l'attente, l'activité automobile se recentre sur le type 57, seul modèle réellement fabriqué. La santé financière de l'entreprise n'est pas au mieux.
En compétition, les Bugatti ne font plus la loi. Les Grand Prix sont devenus une lutte entre nations et les dirigeants Allemands et Italiens subventionnent leurs écuries pour afficher leur suprématie. Auto-Union, Mercedes, Alfa-Roméo et Maserati sont beaucoup plus performants que les T59 de Molsheim.
26 Mai 1935. Pendant que les allemands et les italiens sont à Berlin pour le GP de l'Avus, Robert Benoist sur Bugatti T59 3,3L remporte le Grand Prix de Picardie à Péronne.
30 Juin 1935, victoire de Pierre Veyron sur Bugatti T51A au Grand de Lorraine à Seichamps. (catégorie voiturette)
Le Mans, 15 et 16 juin 1935
Les équipages Bugatti aux 24h du Mans 1935
T51A no 26 et T50 n° 2 au Grand Luçé
N° 2 Bugatti T50 - Roger Labric FRA - Pierre Veyron FRA
Le Type 50 déjà vu en 1931 avec le n°5, en 1933 avec le n°3, puis en 1934 avec le n°2, est de retour dans la Sarthe. La voiture est préparée à Molsheim et les mécaniciens de l'usine sont présents au Mans. Comme en 1934, l'engagement porte le nom de Roger Labric. Pierre Veyron, pilote officiel de la marque vient l'épauler et le Patron en personne est dans les tribunes. La voiture est favorite dans la catégorie au-dessus de 4L.
A droite, Robert Aumaitre, mécanicien de course de Bugatti prépare le T50 dans un garage du Grand Luçé.
N° 3 Bugatti T50 Jacques de Valence de Minardiere - Ch. Richer Delavau - Non partante
Le châssis 50143 est à l'origine un type 50 de route doté d'une carrosserie Figoni appartenant au banquier Parisien Antoine Schumann (C'est le Beau frère de Pierre Louis Dreyfus avec qui il a participé au Mans en 1931 - Bugatti no 19 sous le pseudonyme 'Nîme' ). Richer Delavau va faire l'acquisition de cette T50 le 4 décembre 1931 en vue de l'engager aux 24 heures du Mans. La carrosserie est démontée puis revendue à Figoni et avec l'aide de Molsheim, la voiture est mise en configuration course, à l'identique aux voitures engagées par l'usine en 1931.
Jacques de Valence est le cousin de Richer Delavau. C' est un riche marchand de bestiaux et il passe ses loisirs à courir sur Bugatti. Lors d'une visite au Garage Bayard dans le VIIIème arrondissement à Paris, il fait la connaissance d'Emile Buchet, ex-mécano de l'usine qui travaille dans ce garage, et il l'engage comme mécanicien de bord pour les 24 heures du Mans 1935.
La Bugatti type 50 n° 3 d'une cylindrée de 4,9L est l'une des voitures les plus puissantes avec la Duesenberg et la Bugatti de Labric. Les derniers essais nocturnes sont programmés du vendredi 22h00 au lendemain matin 6h00, De Valence est au volant et il est accompagné par son mécanicien Emile Buchet. Peu après la courbe de la Passerelle, la Bugatti quitte brutalement la piste à plus de 160 km/h.
Pilotant la Ryley n°35, Georges Delaroche (pilote Bugatti au Mans en 1931 et 1932) venait de quitter son stand pour accomplir quelques tours d'essais. Lorsque qu'il eu légèrement dépassé la passerelle, il vit la Bugatti qui venait d'arracher une dizaine de mètres de clayonnage, quitter soudain la droite de la chaussée pour venir s'écraser sur la gauche.
"J'arrivais au moment ou la Bugatti venait de s'écraser sur la gauche de la route contre le talus de protection. Le train avant s'était détaché sous la violence du choc. Je n'ai pas vu comment le pilote et son compagnon ont été projetés de leur voiture car j'étais très attentionné par la manœuvre que j'avais à faire pour éviter une nouvelle collision. Ce n'est qu'après m'être arrêté que je vis les deux malheureux étendus sur le sol. L'un était inerte, c'était je crois le mécanicien, l'autre, M. de Valence paraissait moins touché, il essayait de se relever mais n'y parvenais pas. D'ailleurs de tous côtés on se précipitait à leur secours et ils devaient être dirigés aussitôt sur une clinique"
A la clinique Saint-Côme, Mr Bucher souffre de multiples fractures et son état donne de graves inquiétudes, Mr de Valence est dans un meilleur état. Après 9 jours de coma, le mécanicien Alsacien renait à la vie mais sa convalescence sera très longue.
N° 6 Bugatti T57 - Bernardo Souza Dantas - Roger Teillac
Bernardo Pedro Manoel de Souza Dantas est le premier pilote Brésilien a participé aux 24 heures du Mans. Sa Bugatti type 57 porte le n° 6 et la préparation de celle-ci est confiée à son copilote Roger Teillac.
Roger Teillac est un expert en mécanique. Il travaille dans un atelier spécialiste Bugatti à Paris et accepte de préparer la voiture gratuitement.
N° 9 Bugatti T44 - René Kippeurt dit "Rikip" - Edmond Neubout
N° 16 Bugatti T44 - Bernard Chaudé - Foury ? Max Fourny?
Foury ou Fourny ? Selon Roger Labric, il s'agit de Fourny. Si Max Fourny, artiste peintre, a bien participé aux 24 heures en 1934, il semble selon le journal l'Auto que l'équipier de Bernard Chaudé pour l'édition 1935 est Foury. .... qui à raison ?.
N° 18 Bugatti T55 - Vicomte Pierre Merlin - Comte Georges d'Arnoux
Le Comte Georges d'Arnoux est un acteur et assistant-réalisateur proche de Jean Renoir. Il a participé au GP de France et au GP de Tunisie 1931 sur Bugatti T35.
N° 20 Bugatti T35 - Albert Blondeau - Paul Vallée
Blondeau ? Blondiaux ? L'orthographe varie en fonction des sources. La voiture dispose d'une aérodynamique surprenante avec des ailes profilées vers l'arrière en forme de goutte d'eau.
N° 26 Bugatti T51A - Louis Villeneuve - André Vagniez
Ettore et Jean Bugatti au Mans
Samedi 15 juin 1935. A l'occasion du départ des 24 heures du Mans 1935, les membres de la presse sont conviés à utiliser pour se rendre sur le circuit de la Sarthe un auto-rail Bugatti. Outre les jounalistes, Ettore Bugatti en personne, accompagné de son fils Jean, sont honorés d'accueillir à bord de leur création, le Directeur Général du réseau de l'Etat. Raoul Dautry. L'auto-rail s'élance de la gare Montparnasse à 8h35. La vitesse de croisière est fixée à 120km/h. Un bref arrêt à Chartres, puis une second à Connéré et on se décide de forcer l'allure jusqu'à 182 kmh. Le bolide aérodynamique traverse la pluie en toute sécurité. Le train arrive en gare du Mans à 10h42 et tout le monde est impressionné par l'auto-rail.
La course
A la fin du 1er tour, l'équipage Howe-Lewis mène devant Sommer et Chinetti-Gastaux. La lutte entre les Alfa est intense. La Bugatti n°2 est à la 6ème place.
Classement après 1 heure de course
|
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Pos |
N° |
Equipages |
Voitures |
|
1 |
11 |
Chinetti-Gastaux |
Alfa Romeo |
9 tours |
2 |
15 |
Sommer |
Alfa Romeo |
‘’ |
3 |
12 |
'Heldé' (PL Dreyfus) -Stoffel |
Alfa Romeo |
‘’ |
4 |
4 |
Hindmarsh-Fontes |
Lagonda |
‘’ |
5 |
2 |
Veyron-Labric |
Bugatti |
‘’ |
12 |
6 |
De Sousa Dantas-Teillac |
Bugatti |
8 tours |
22 |
9 |
Rekip-Neubout |
Bugatti |
6 tours |
27 |
26 |
Villeneuve-Vagniez |
Bugatti |
‘’ |
32 |
20 |
Vallée-Blondiaux |
Bugatti |
‘’ |
56 |
16 |
Chaudé-Foury |
Bugatti |
4 tours |
?? |
18 |
Merlin-d’Arnoux |
Bugatti |
‘’ |
Au 10ème passage, Raymond Sommer passe en tête.
Après deux heures de course, Sommer devance Hindmarsh-Fontes et Veyron-Labric. Concernant les équipages Bugatti, Merlin-d’Arnoux sont 6ème, De Souza-Dantas sont 13ème et « Rekip »-Nebout 16ème et 1er de la catégorie 2L-3L.
18h30. Lors du 24ème tour s’opèrent les premiers arrêts ravitaillements. Avec 3min 30 d’avance, Sommer a pris un peu de marge. Il ne s’arrête que 2min 7s et reprend la piste sans même lâcher sa première place.
Au cours de la 4ème heure, c’est l’abandon pour la Bugatti n° 16 de Chaudé-Foury en panne d’allumage et victime d’une fuite d’huile. La voiture n’a fait que 26 tours.
Sommer qui pilote seul depuis le début, (mais ce sera le sujet d’un autre article) caracole en tête.
Classement après 6 heures de course |
||||
Pos |
N° |
Equipages |
Voitures |
|
1 |
15 |
Sommer |
Alfa Romeo |
58 tours |
2 |
4 |
Hindmarsh-Fontes |
Lagonda |
56 tours |
4 |
2 |
Veyron-Labric |
Bugatti |
‘’ |
8 |
6 |
De Sousa Dantas-Teillac |
Bugatti |
53 tours |
16 |
18 |
Merlin-d’Arnoux |
Bugatti |
51 tours |
21 |
26 |
Villeneuve-Vagniez |
Bugatti |
49 tours |
39 |
9 |
Rekip-Neubout |
Bugatti |
42 tours |
50 |
20 |
Vallée-Blondiaux |
Bugatti |
36 tours |
|
|
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Coup de théâtre quelques minutes avant la fin de la 7ème heure. Lors de son 66ème tour, Sommer s’arrête à deux reprises sur le circuit et ne repasse plus. La Lagonda occupe désormais la première place devant la Bugatti de Veyron et Labric.
Problème moteur et abandon pour la Bugatti n° 9 (Neubout-Kippeurt) après 64 tours couverts
Après de longues minutes d’arrêt, Sommer parvient à rejoindre son stand ou on diagnostique une arrivée d’essence défectueuse. Il reprend la piste à 23h50 avec un retard de 7 tours.
Positions à Minuit
1) Hindmarsh-Fontes 2) Heldé-Stoffel 3) Veyron-Labric … 7) De Souza Dantas-Teillac
A son troisième relai vers 1 heure du matin, quand Labric repasse le volant à Veyron, sa Bugatti bleue est en tête. La pluie est omniprésente et la lutte entre Hindmarsh, Lewis, Dreyfus et Veyron est intense. Au cours de la nuit, les positions changent régulièrement.
Abandon de la Bugatti n° 20 (Blondiaux-Vallée) sur défaillance du compresseur après 74 tours couverts
A 8h00 du matin, alors que tout semblait possible, la Bugatti n°2 est contrainte à l’abandon après 116 tours de course, le pont arrière est brisé. Les abandons vont se succéder dans les équipages de pointe et en fin de matinée, la voie semble dégagée pour la Lagonda rouge.
Une défaillance de l'alimentation cause l'abandon de la Bugatti n° 18 (Merlin d'Arnoux) après 128 tours couverts
19ème heure. Des ennuis de boite de vitesses contraignent la Bugatti n° 6 (De Souza-Teillac) à abandonner après 129 tours couverts.
Au cours de la dernière heure, Fontes s’arrête à plusieurs reprises, sa pression d’huile chute régulièrement. L’Alfa pilotée par Pierre Louis Dreyfus ('Heldé') prend le commandement, mais son pilote qui n’est pas informé qu’il est 1er continue de rouler sans forcer. Quand le stand lui tend enfin le panneau, il est déjà trop tard, la Lagonda a repris définitivement son bien.
Une seule Bugatti à l’arrivée. L’équipage Villeneuve-Vagniez sur la Bugatti T51A n° 26 termine à la 14ème place.
Classement général final |
||||
Pos |
N° |
Equipages |
Voitures |
|
1 |
4 |
Hindmarsh-Fontes |
Lagonda |
3 006,797 km |
2 |
12 |
'Heldé'-Stoffel |
Alfa Romeo |
2 998,308 km |
3 |
29 |
Martin-Brackenbury |
Aston-Martin |
2 905,576 km |
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|
14 |
26 |
Villeneuve-Vagniez |
Bugatti |
2 632,656 km |
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Le 4 décembre 1935, un autorail Bugatti (avec moteur automobile, à essence) relie Paris à Nancy (352 km) en 2 h 30, soit à la moyenne de 144 km/h.
Cette même année 1935, Fritz Schlumpf se lance avec son frère dans l'industrie lainière à Malmerspach (Haut-Rhin) et sa fortune lui permet de collectionner des voitures.
Bibliographie
Le journal l'Auto - Juin 1935
Mécanicien de Grand Prix - Lucien Wurmser
H&H auction
Histoire d'une grande bataille pacifique et sportive - Roger Labric