Vern Schuppan est l'un des rares pilotes Australiens à avoir atteint les sommets de la Formule 1. Il est également entré dans l'histoire lors de l'Indy 500 de 1981 en étant le premier à monter sur le podium. Mais c'est sa carrière en endurance qui lui a apporté ses plus grands succès.
Plein d'espoir et d'optimisme, Vern Schuppan se rend en Angleterre en 1969, à l'âge de 26 ans, pour devenir pilote de course. En 1970, il se rend aux 1 000 kilomètres de Brands Hatch, où il admire les talents de pilote de Jo Siffert et Pedro Rodriguez dans leur Porsche 917. "Leurs performances sous la pluie étaient très impressionnantes", note Schuppan. "Je me demande si je conduirai un jour une 917".
Après une carrière en Grand Prix de Formule 1, Schuppan a participé aux 24 heures du Mans de 1973 à 1979 sur Mirage.
Cependant, les liens entre Schuppan et Porsche remontent à l'époque où il a participé à une course Can-Am pour BRM sur le légendaire Nürburgring. Sa performance avait attiré l'attention du responsable de la compétition, Manfred Jantke.
Les deux hommes se sont croisés dans le cadre du championnat du monde de voitures de sport pendant des années, jusqu'à ce que la blessure d'une star de l'Indy donne l'occasion à Schuppan de participer à la course du Mans 1981 pour Porsche.
"En 1981, j'ai piloté ma propre McLaren à Indy et j'ai terminé troisième", explique Schuppan.
"Porsche avait en fait demandé à Rick Mears de piloter au Mans après Indy, mais il a été brûlé au visage dans 'un incendie lors d'un ravitaillement. Après la course, j'ai vu des messages de Manfred Jantke me demandant de le rappeler. Je l'ai fait, il m'a simplement dit 'nous avons essayé de vous joindre, nous aimerions que vous conduisiez avec nous au Mans' et c'est vraiment comme ça que ma relation avec Porsche a commencé.
À l'origine, il devait y avoir Jochen Mass et moi-même, mais comme ils n'arrivaient pas à me joindre, ils ont contacté Hurley Haywood, mais ils m'ont quand même demandé de piloter."
Schuppan a fait une sérieuse impression lors de sa première apparition pour Porsche au volant de la 936. Les débuts du partenariat ont été difficiles, mais l'ingéniosité de Schuppan a permis d'éviter un abandon après que sa 936 se soit arrêtée pendant son relais.
"À l'époque, nous avions une radio, mais je ne pouvais pas répondre", dit Schuppan.
"Les mécaniciens me donnaient des instructions, mais je ne pouvais rien leur dire. Ils ont envoyé un mécanicien pour essayer de me donner des instructions depuis l'autre côté du rail de sécurité. Ce n'était pas facile tout seul. J'ai finalement décidé de démonter une partie de l'injection de carburant"
"Finalement et à ma grande surprise, le moteur a démarré !"
"L'arrêt sur la piste a duré environ une heure. Dans les stands ils ont considéré que la voiture était en panne et qu'ils ne la reverraient plus avant la fin de la course. Ils ont sauté comme des fous quand je suis arrivé dans la voie des stands !"
Le trio a terminé 12e, mais son dépannage mécanique a marqué positivement les esprits.
Ce soir-là, lors du grand dîner qui suivit avec tous les membres de l'équipe Porsche, l'ingénieur Helmuth Bott me dit : "M. Schuppan, vous savez que les mécaniciens vous ont qualifié de mécanicien le plus rapide du monde et nous aimerions que vous conduisiez pour nous l'année prochaine",
"C'était mon arrivée officielle chez Porsche et j'ai eu une relation incroyable avec eux à partir de ce moment-là jusqu'à ce qu'ils arrêtent le programme 962"
L'année suivante, Porsche a présenté la 956, un modèle révolutionnaire en termes d'aérodynamisme et de fiabilité. Un modèle que Schuppan considère comme l'un de ses préférés.
"La 956 était une évolution majeure, surtout grace à son effet de sol", souligne Schuppan.
"Il était difficile de croire que plus vous allez vite dans un virage rapide et plus vous avez de l'adhérence, C'était une très belle époque avec Porsche."
Après avoir terminé deuxième en 1982, Schuppan était confiant pour l'année suivante en faisant équipe avec Haywood et Al Holbert.
"Cela aurait été un choc pour nous de perdre", déclare Schuppan. "L'année précédente, en 1982, en pilotant avec Jochen, nous avons eu quelques problèmes, nous avons dû changer un maître-cylindre d'embrayage, ce qui nous a fait perdre quelques tours."
Les 24 heures du Mans 1983
"En 1983, Al, Hurley et moi, nous avions une très très bonne entente sur la stratégie à adopter, de la vitesse à laquelle nous voulions aller jusqu'à la durée de nos relais. J'avais insisté auprès d'Hurley et d'Al sur le fait que nous devions rouler aussi fort que possible et garder à l'esprit que nous étions limités par la consommation de carburant. Mais il y avait des moyens de rouler vite en adaptant sa conduite. J'ai juste dit que nous devions aller droit au but dès le départ. J'étais persuadé que nous pouvions gagner la course avec cette voiture. C'était la même voiture que j'avais pilotée l'année précédente avec Jochen, le châssis 002, et j'avais un très bon feeling avec. Et c'est ce que nous avons fait. On a pris deux tours d'avance et on a mené pendant plus de 19 heures."
Un drame est survenu à 90 minutes de la fin de la course lorsque la porte gauche s'est détachée dans la ligne droite des Hunaudières.
Restant sur la piste jusqu'au drapeau noir, Schuppan entre dans les stands où l'équipe rivete la porte. Cela lui a valu la colère des commissaires car la porte ne pouvait plus être ouverte par le pilote. Pour rectifier la situation, l'équipe a façonné une sangle en cuir et une boucle à travers un trou dans le toit, permettant ainsi à Schuppan d'ouvrir la porte.
L'avance de deux tours a été réduite à la plus petite des marges.
"Je suis rentré au stand à une demi-heure de la fin pour passer le relais à Al et je lui ai parlé de la température de l'eau"
"Al était vraiment un bon gars à avoir dans l'équipage. il comprenait très bien la mécanique en ayant construit ses propres voitures et dirigé sa propre équipe."
"Hurley et moi étions debout sur le podium à regarder un écran de télévision, et nous avons soudainement vu notre voiture en train de fumer ! On était tellement tendus qu'on pensait qu'Al n'allait pas finir. Dans le dernier tour, le moteur a effectivement commencé à gripper à Arnage. Al a franchi la ligne avant que le moteur ne grippe complètement",
A l'arrivée, seulement 17 petites secondes séparent Al Holbert et Derek Bell.
Schuppan revient l'année suivante avec son compatriote Alan Jones pour terminer sixième, mais Schuppan pense que c'est une course qui lui a échappé.
L'Australien du Sud est l'un des quatre Australiens à avoir remporté les 24 Heures du Mans (à ce jour : 2022):
Bernard Rubin (1928) - Vern Schuppan (1983) - Geoff Brabham (1993) - David Brabham (2009)
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