Valentin Bertapelle, 2 participations, 2 victoires de groupe
Pour la seconde fois, Valentin Bertapelle s’engage aux 24 heures du Mans. En 1981, sa Porsche 934 alimentée en partie avec un carburant à base de betteraves lui avait permis de remporter la victoire dans le groupe 4.
Pour l'édition 1984 des 24 heures du Mans, Valentin Bertapelle partage le volant de la Porsche 911 SC /RS no 122 avec Raymond Touroul et Thierry Perrier.
« La pluie sera notre alliée, car les voitures du groupe B comme notre Porsche ont peu de chance de se qualifier. Des 65 voitures engagées, les organisateurs ne retiendront que les 55 les plus rapides. Il faudra se défoncer dés les essais ». Hélas pour le pilote Haut-Rhinois, la météo sera caniculaire.
La concurrence dans le groupe IMSA GTO
Porsche 930 Turbo no 121 Smith – Ovey – Smith Hass
Porsche 930 Turbo no 123 J et JM Almeras - Winters
La 911 SC/RS no 122 est équipée d’un moteur 2992cm3 alors que les 930 disposent d’un 3,3L Turbo
Les essais
Mercredi, les essais sont perturbés par un moteur qui ratatouille et surtout par des soucis de tenue de route persistants. Bertapelle s’attache à trouver les réglages avant de se qualifier.
Touroul 4.24.46 – Bertapelle 4.25.43 – Perrier 4.30.08
Jeudi, les soucis de tenue de route sont résolus pour la deuxième journée d’essais.
Touroul 4.18.16 – Bertapelle 4.22.66 – Perrier 4.25.88
« Désormais, notre unique objectif sera d’être dimanche à l’arrivée » annonce le pilote Alsacien.
La grille dans de groupe IMSA/GTO
Porsche 930 Turbo no 123 J Almeras 4.02.75
Porsche 911 SC/RS no 122 Touroul 4.18.16
Porsche 930 Turbo no 121 Smith 4.22.06
La pole 1984 toutes catégories confondues est à l’actif de Bob Wollek sur la Lancia Martini LC2 no 4 en 3.17.11
La course
15h00 le départ est donné sous une chaleur caniculaire
Dés le 2eme tour, Smith sur la Porsche 930T no 121 s’arrête au stand avec une courroie de turbine de refroidissement cassée. L’intervention mécanique ne dure que 9 minutes mais le moteur a chauffé.
Départ laborieux pour la Porsche 930T no 121 qui ne va parcourir que seulement 6 tours au cours de la 1ere heure et 7 au cours de la 2ème heure.
Après 45 minutes de course, la 930 Almeras est victime d’une casse du turbo. Après réparation, elle repartira à 5 tours de la 911 SC/RS.
mi-course
Touroul / Perrier et Bertapelle mènent le groupe avec 146 tours couverts, devant les frères Almeras à 10 tours et la 930T no 121 à 47 tours.
21h45 la Porsche 911 passe au ralenti à Indianapolis avec une roue arrière gauche crevée
22h57 31 minutes d’arrêt du stand pour la Porsche Almeras
En dehors d’un arrêt pour réparer l’aile arrière gauche à 23h15, la Porsche 911 fonctionne comme une horloge.
6h57 Multiples ennuis pour la Porsche Almeras qui va perdre 1 heure
7h13 la Porsche no 121 abandonne victime d’une fuite d’huile.
9h00 La Porsche 911 SC/RS pointe en 21ème au classement général et possède 30 tours d’avance sur les frères Alméras (plus de 2 heures).
11h25 Valentin Bertapelle s’immobilise au niveau de la sortie des stands. « On a eu de la chance. J’étais en piste. Devant les stands, le synchro de seconde a lâché et bloqué la boîte en roue libre. J’ai pu laisser rouler jusqu’à la sortie des stands ».
Conseillé par ses mécaniciens qui n’avaient ni le droit de l’aider, ni le droit de lui procurer des outils, il entame une partie de mécanique.
« Je n’avais qu’une clef à molettes, une pince et un tournevis. J’ai tout tenté pour faire rentrer une vitesse. Rien à faire. Je me suis couché sous l’auto pour accéder à la trappe de visite de la boîte. Hélas, un écrou était fou. De rage, j’ai frappé plus fort et par miracle après 40 minutes d’effort, j’ai pu introduire la 5ème »
12h06 Après un tour au ralenti, la 911 entre au stand, elle repartira 30 minutes plus tard sans que le problème soit résolu. L’avance sur les frères Alméras est très confortable (16 tours) et il ne reste 2h30 de course.
« Impossible de réparer ensuite au stand. Sur un seul rapport, nous avons couvert les deux dernières heures. Dommage, nous avons rétrogradé de cinq places, mais nous avons pu résister au retour des frères Almeras que nous avions dominés au départ ».
Pour sa deuxième participation au Mans, le garagiste de Wittelsheim enlève une nouvelle victoire de groupe.
L’équipage Touroul/Perrier/Bertapelle remporte également le Trophée Jean Marie Lelièvre qui récompense le 1er concurrent et équipage français.
282 tours couverts. 3852,273 km parcourus à la moyenne de 160,511 km/h
Meilleur tour de la Porsche no 122 réalisé par Raymond Touroul en 4.21.2
Record du tour dans le Groupe IMSA/GTO
Porsche 930 Turbo no 123 - J.Almeras - 4.13.3
Bibliographie
Dernières Nouvelles d'Alsace / Bernard Delattre
PORSCHE 911 (954) SC/RS
Année: 1983
Châssis No. 0068894A
Moteur No. TBA
Moteur: 6 cylindres, double arbre à cames en tête, 3.298 cm3, 285CV à 7 600 tr/min; Boîte de vitesse: manuelle à 5 rapports; Suspensions: bras triangulés à l'avant avec amortisseurs et système Macpherson, indépendantes à l'arrière; Freins: 4 disques ventilés. Conduite à gauche.
Carrosserie: coupé, livrée compétition rouge et blanche, intérieur noir.
Histoire du modèle
Au début des années 1950 les designers de Porsche commencèrent à travailler sur un nouveau modèle appelé à remplacer la démodée 356. La tache accompagnée d'une série de directives, fut confiée à Ferdinand, le fils de Ferry Porsche. La nouvelle Porsche devait être un concept évolutif tout en prolongeant la tradition déjà établie par la marque. Sous la direction du triumvirat Ferdinand Porsche, Erwin Komenda et de l'ingénieur moteur Ferdinand Piech, la nouvelle Porsche fut conçue et aboutie dans un délai remarquablement court. Le nouveau modèle portait le chiffre 901 et fut dévoilée au Salon de Francfort 1963, où elle fut accueillie avec enthousiasme par le public. Le nom fut rapidement changé en raison du constructeur français Peugeot qui s'était réservé toutes les désignations à trois chiffres avec un zéro au centre. Ainsi naquit la 911. Le résultat fut l'une des automobiles de sport à la plus longue carrière et aux plus grands succès dans toute l'histoire de l'automobile et de la compétition.
La désignation RS signifiait en allemand "Renn Sport" ce qui distinguait pour Porsche à des évolutions plus puissantes des modèles standards, séries limitées plus légères et plus performantes qui bénéficiaient de toutes les connaissances acquises par le département compétition de Porsche. Ces séries limitées servaient aussi à obtenir des homologations spéciales en matière d'éligibilité en compétition.
La 911 SC RS (954) est un parfait exemple de cette procédure d'homologation, reposant à l'origine sur une 911 SC 3 litre standard (SC pour Super Carrera). Vingt exemplaires transformés permettaient d'atteindre les caractéristiques nécessaires pour être admis la fois en rallye (Henri Toivonen remporta le championnat d'Europe des rallyes en 1985 sur une SC/RS) et en endurance où le modèle fut homologué le 1er janvier 1984. Avec un moteur modifié développant 250 CV, des freins de Turbo, un toit, des portes en aluminium, un capot moteur et un pare-choc arrière en fibres, l'auto pesait 900 kg, soit 300 kg de moins qu'une 911 Turbo. Le prix de chaque auto était de 188.100 DM, trois fois le prix d'une Carrera standard de route et deux fois celui d'une Turbo. En juin 1984, dans un essai du Moniteur de l'Automobile, le vainqueur du Mans et très respecté journaliste Paul Frère écrit que la 911 (954) SC/RS atteint presque tous les objectifs fixés.
Histoire spécifique de cette automobile
L'histoire victorieuse des Porsche 911 au Mans: tout commence en 1966 et se termine presque vingt ans plus tard en 1985. Quelques 127 départs furent donnés à des 911, 911S, 911T, Carrera RS et RSR et plus d'une fois elles remportèrent les lauriers de la plus célèbre course d'endurance au monde. Cette automobile en particulier est célèbre pour avoir été la dernière 911 à disputer Le Mans en 1985 comme le souligne Dominique Pascal dans son ouvrage " Porsche au Mans " ainsi que l'encyclopédie sur l'endurance " Time & Two Seats " par Janos L.Wimpffen. Le châssis 0068894A ne débuta pas sa carrière comme l'un des vingt exemplaires SC/RS construits par l'usine mais fut assemblé à partir de pièces de compétition de l'usine pour un engagement privé soutenu par l'usine par le team parisien de Raymond Touroul dans le but de disputer des courses d'endurance, des courses de 1000 km et plus particulièrement pour disputer les 24 Heures du Mans. Touroul avait débuté au Mans en 1971 et remporta immédiatement sa classe sur une Porsche 911. Sur un châssis de SC fourni par l'usine, Touroul réalisa cette auto pour le championnat IMSA 1984 classe GTO utilisant un moteur atmosphérique de 3.3 litre développant environ 300 CV.
Avec les français Valentin Bertapelle et Thierry Perrier, il parvient à qualifier la SC en 16ème position sur 53 autos, ayant été plus rapide que les 911 Turbo. Ils terminèrent 17ème au général et remportèrent la classe IMSA GTO devant la plus récente Porsche 930.
informations publiées par www.artfact.com lors de la vente aux enchères de la voiture