Trois pilotes Alsaciens sont au départ des 24 heures du Mans 1996. Bob Wollek, Guy Kuster et le jeune espoir Yvan Muller qui revient au Mans après une première tentative malheureuse en 1993. Il est engagé cette année sur une Ferrari 333 SP.
Champion de France de supertourisme en 1995, Yvan dispute désormais le championnat Italien comme deuxième pilote dans l'écurie officielle Audi. Pour l'épreuve Mancelle, Yvan Muller aura pour équipiers l'américain Andy Evans et l'espagnol Fermin Velez qui a remporté le championnat IMSA aux USA avec cette même Ferrari.
"Cette Ferrari est un véritable bijou taillé pour l'endurance" s'enflamme le pilote de Seppois-le-Bas,
Plus qu'une histoire, une légende ! Forte de 9 victoires (ce qui constitua longtemps un record), obtenues entre 1949 et 1965, jamais depuis 1973 la firme de Maranello n'a semblé aussi près de remporter sa 10e victoire. Si elle y parvient, le mérite en reviendra à l'écurie Scandia qui prépare les Ferrari 333SP n°17 et n°18 engagées sous deux bannières différentes. La voiture est cependant handicapée avec un petit réservoir de 80L face aux GT qui disposent de 100L.
La Ferrari 333 SP a été conçue sous la Direction de Tony Southgate en collaboration avec Dallara. Le moteur est dérivé du 3,5L utilisé en Formule 1 durant la saison 1990. C'est un 4 litres, 5 soupapes par cylindre délivrant environ 545CV à 9500 tr/min. L'imposition d'une bride de 48mm lui ôte environ 40 chevaux. La voiture a terminée seconde aux 12 heures de Sebring. Ce résultat a permis d'obtenir l'approbation de l'usine pour un engagement au Mans. Le richissime Yankee, Evans, finance la participation à l'épreuve.
Les contacts entre l'Alsacien et la marque Italienne remontent à 3 mois. Scandia, l'écurie Américaine dirigée par Andy Evans, cherchait un pilote jeune, fiable et rapide pour disputer les 24 heures du Mans. Yvan Muller avait le profil idéal.
"Ils m'ont appelé pour savoir si j'étais intéressé. Il m'a d'abord fallu obtenir le feu vert d'Audi avec qui je suis sous contrat. Le Mans ne se court pas à la légère. Après un temps de réflexion, j'ai accepté. Je connaissais l'écurie de réputation. Depuis le début de la semaine, nous recherchons ensemble la meilleure osmose. S'il fait très chaud, nous doublerons les relais toutes les deux heures. Quant à moi, je suis plus spécialement chargé des réglages. On discute de la stratégie afin d'évacuer ce problème durant la course. A 320 km/h il vaut mieux faire des gestes instinctivement".
Compte tenu des moyens engagés, l'équipe n'est pas venue pour faire de la figuration, mais elle ne se fixe pas d'objectif.
"La voiture a d'énormes possibilités, mais 24 heures c'est trop aléatoire pour se hasarder à un pronostic. Cette année Le Mans propose un plateau exceptionnel avec une douzaine d'écurie capble de gagner. Pour moi, c'est déjà très valorisant de prendre le départ et beaucoup de pilotes aimeraient être à ma place. Il me reste à changer quelques habitudes. Il faut savoir gérer Le Mans, quitte à aller un peu moins vite. Le Trophée Andros, c'est un sprint de 100m, le Supertourisme un 400m et Le Mans un marathon" ajoute le pilote Haut-Rhinois.
28 avril Préqualifications
Yvan Muller partage la 333SP n°18 avec Gentilozzi et Evans. 'Yvan le Terrible' signe le second temps en 3'48'608 juste derrière la 333 SP n°17 de Van de Poele en 3'47''795.
Le pesage
La Ferrari du Scandia Motorsport dispose d'une carrosserie spécialement étudiée par Dallara pour le circuit du Mans. Les pontons latéraux sont rehaussés et l'aileron arrière est réduit. L'italien Morbidelli envisagé comme 3ème pilote est remplacé par l'Espagno Velez.
Mercredi - 1ère séance d'essais
Yvan Muller ne réalise que 6 tours en seconde partie de soirée mais c'est suffisant pour réaliser le meilleur temps de la voiture.
Muller : 3'50''849 - Evans 4'00''132 - Velez 3'51''172
Jeudi - 2ème séance d'essais
Chez Ferrari on préfère se consacrer sur la course. Le meilleur tour de la voiture est réalisé en 4'10''923, c'est à dire très loin du véritable potentiel de la 333 SP.
Les 24 Heures du Mans 1996
15h00 Le départ est donné sous la canicule.
15h07 Les problèmes ne tardent pas car dés le second tour l'Américain Andy Evans rate son freinage à Mulsanne et termine dans les graviers. "Je pense qu'il a freiné un poil trop tard. La voiture était remplie de graviers et une partie du plancher a souffert" commente Yvan Muller qui n'est pas encore au bout de ses désillusions. Grâce à l'intervention des commissaires, la Ferrari ne perd qu'un minimum de temps.
15h10 Evans rejoint les stands ou on change la partie antérieure de la carrosserie ainsi qu'un disque de frein. 16 minutes s'écoulent avant que la voiture ne reparte à 5 t des leaders.
15h59 Evans ravitaille. A la fin de la 1ère heure la Ferrari 18 est en 48ème et dernière position.
16h45 Le patron/pilote Américain ravitaille une seconde fois et reste toujours au volant.
17h32 La ferrari n°18 s'immobilise au virage Porsche.
17h58 Suite à une stupide panne d'essence, la Ferrari abandonne.
L'équipe en tournant peu et sans forcer durant les essais avait sans doute sous estimé la consommation.
La belle rouge n'aura fait que 18 tours en course dont le meilleur en 3'50''84. Yvan et l'espagnol Firmin Velez n'auront pas pris le volant en course.
Yvan Muller n'aura fait que 6 tours en une semaine, de quoi être frustré.
"Je n'ai pas pu m'exprimer de toute la semaine. Déjà aux qualifications, on a estimé qu'il n'était pas utile de le faire. C'était la stratégie du patron de Scandia, le team Américain ne voulait pas se dévoiler avant la course. Moi, j'aime bien travailler, faire progresser la voiture et ne pas rester là à ne rien foutre. On m'a coupé les ailes. Je suis un peu déçu. Les 24 heures ne sont pas ma course favorite. C'est comme le Dakar, il faut savoir avec qui on le court"