Vingt-cinq ans après le Grand Prix de l'ACF, les Formule 1 étaient de retour en Alsace. A l'issue de 2h45 de course, Luigi Villoressi sur Maserati remporte ce Grand Prix disputé dans les rues de Strasbourg-Neudorf.
Les blessés
Les blessés vont aussi bien que possible
Plus de peur que de mal pour le motocycliste Minette. Après une chute spectaculaire il est présent à la remise des prix le lundi matin.
Peter Goodman, très sérieusement touché, dû faire face à deux opérations. Sans doute fût-il contraint de mettre un terme prématuré à sa carrière de pilote car malgré de nombreuses recherches, je n’ai pas trouvé trace de sa présence dans des compétitions moto après cet accident.
La presse unanime salua la bravoure de Paul Freiss, sans doute a t’il permit d’éviter un accident aux conséquences bien plus grave. Par la suite, Paul Freiss, malgré le handicap de sa jambe de bois, continua à déployer toute son énergie pour promouvoir le sport automobile en Alsace. Les créations des courses de côtes de Wissembourg-Col du Pigeonnier, de Sewen-Lac d’Alfeld ou la course de côte de Turckheim-Trois-Epis en sont le témoignage.
La cérémonie de remise des prix
Lundi, les coureurs furent reçus à la Maison Rouge par M. Koenig, Président de l’A.C.A., en présence de Charles Faroux, Directeur de la course. Des coupes furent remises aux vainqueurs Villoresi, Giraud-Cabentous ainsi qu’au motocycliste Lorenzetti(ITA).
On n’avait pas prévu de coupe de régularité mais une coupe pour le meilleur tour réalisé par une voiture française. Ce meilleur tour fût l’œuvre de Giraud-Cabantous à 113.840 km/h de moyenne sur une Talbot sans compresseur qui avait déjà de la bouteille.
L’Automobile Club d’Alsace allouait une prime de 25.000 francs à l’amicale des mécaniciens de course à répartir suivant le classement des concurrents. A l’heure de la remise des récompenses, aucuns mécanos n’étaient présents: Tous étaient ‘au boulot’ en train de remettre les mécaniques en état pour le Grand Prix de Comminges le week-end suivant.
Les positions au championnat de France après le Grand Prix disputé à Strasbourg
Rosier 19 points, Chaboud 18.5, Louveau 18, Pozzi 17.5, Sommer 16.5, Chiron 15, “Levegh” 13.5, E. Martin 11, Giraud-Cabantous 10.5.
Des coups et de l’indiscipline
On reproche aux organisateurs de traiter les motocyclistes en parents pauvres, mais les motocyclistes auraient intérêt à se séparer des ceux qui donnent une mauvaise réputation à la discipline.
Houel, par exemple, s’est attaqué à un commissaire chargé de la distribution de l’essence. Il le laissa couvert de balafres et avec un pantalon en piteux état. Une sanction sévère a été demandée contre Houel.
D’autres pilotes, au mépris de tous les règlements ont emprunté la piste dans le sens contraire à celui de la course. Ce reproche s’adresse également à plusieurs concurrentes autos.
L’Automobile Club d’Alsace
La manifestation a connu un très grand succès. Par contre, le résultat financier n'est pas satisfaisant.
Le comité de l'Automobile Club d'Alsace a donc puisé dans le fond de garantie. Les membres de l'ACA ayant déposé les 1.000 Francs sont les premiers perdants, ils se verront offrir en consolation une remise sur les cotisations de 1948.
La réaction M. Koenig, Président de l’A.C.A.
"Le public estimé à 30.000 n’a pas répondu comme il le devait. Une réunion comme celle-ci aurait mérité une affluence encore plus grande. En puisant, dans les caisses de l’A.C.A., on joindra les deux bouts, c’est l’essentiel. Nous n’avons pas fait faillite.
On estime à 5.000 environ, soit 1/5ème des spectateurs le nombre de resquilleurs répartis le long du circuit. C’était à prévoir, le contrôle étant extrêmement difficile dans une agglomération."
Revue de presse
Motocycles et Scooter
Cette épreuve est signalée par des accidents graves … il est souhaitable qu’à l’avenir les organisateurs prennent leur rôle un peu plus au sérieux.
Moto Revue
Plusieurs accidents assez sérieux sont venus malheureusement jeter une note désagréable sur une épreuve qui s’annonçait bien.
Motorsport (UK)
Cette course, comme celle d’Ulster a été un fiasco.
L’action automobile
Le Grand Prix de Strasbourg a retrouvé auprès de la grande foule d’Alsace son brillant succès d’avant-guerre. Le circuit était dur, voire dangereux avec ses pavés, ses rails de tramways, ses tribunes et ravitaillements situés à la sortie d’une courbe. De plus, l’adjonction de deux rangées de bottes de paille l’avait rendu plus étroit encore. Aussi ne faut-il pas s’étonner des accidents survenus, c’est même miracle qu’il n’y en ait pas eu d’autres.
La Revue Automobile
Le Grand Prix International de Strasbourg, le premier du genre, a fourni une compétition de haut intérêt.
L’Equipe
Ce Grand Prix a fourni une compétition de haut intérêt. Journée qui eût été parfaite sans les incidents des motos 500. Quelle faute ce fût de réduire par des bottes de paille mal alignées la largeur salvatrice d’une route magnifique, là seulement ou on pouvait se dépasser normalement sans danger.
Le Nouvel Alsacien
Le Circuit International de Vitesse organisé par l’Automobile-Club a remporté un grand succès populaire et permet les plus beaux espoirs pour les années à venir.
Dernières Nouvelles d’Alsace
Quel ravissant souvenir. Strasbourg vient de vivre des heures inoubliables, dignes de son passé et dignes de notre pays.
Félicitons les organisateurs de la magnifique manifestation, l’Automobile Club d’Alsace, qui a su faire de cette journée du 3 août une date mémorable.
Bugatti
Courant août 1947, La presse se fait l’écho d’une reprise de la compétition chez Bugatti. La nouvelle monoplace 1500 serait très avancée. On parle de Maurice Trintignant pour ses essais, de même que Sommer et Wimille auraient les deux premières voitures de l’ingénieur Lory….
Le mort du Patron
Durant la seconde guerre mondiale, l’occupant allemand s’était emparé de l’usine Bugatti. A la fin du conflit, le service des Domaines saisit les biens en raison de la nationalité italienne de son fondateur.
Ettore Bugatti souhaita récupérer son patrimoine mais essuya un revers auprès du tribunal de Saverne en novembre 1946. Son appel devant le tribunal de Colmar lui donna finalement raison et les biens lui furent restituer le 11 juin 1947.
Ettore Bugatti dont le nom figure comme membre du Comité d’Honneur du Circuit International de vitesse de Strasbourg décède le 21 août 1947.
Ettore Bugatti dont le nom figure comme membre du Comité d’Honneur du Circuit International de vitesse de Strasbourg décède le 21 août 1947.
La dernière avant très longtemps
Le Circuit de Vitesse International ne sera malheureusement pas reconduit par la suite. En dehors de quelques passages du parcours de concentration du rallye de Monte Carlo, il faudra attendre 2010 et la manche française du Championnat du Monde des rallyes, pour assister à une compétition automobile de niveau mondial en Alsace.
Les épisodes du Circuit International de Vitesse de Strasbourg 1947
Bibliographie
Médiathèque André Malraux - Strasbourg
Les Dernières Nouvelles d'Alsace
Le Nouvel Alsacien
Journal d'Alsace
L'Humanité d'Alsace et de Lorraine
Revue Cigognes
Archives de la ville de Strasbourg
Archives du département du Bas-Rhin
Archives de l'Automobile Club d'Alsace
L'Equipe
La Revue Automobile
Der Spiegel
Action Automobile et Touristique